Recyclage

Grolée : comment Havard fait du neuf avec du vieux

Pas de chance. C’est sous une pluie battante que Michel Havard, Emmanuel Hamelin et Denis Broliquier ont rebaptisé jeudi une rue du quartier Grolée « Impasse Collomb » afin de « montrer l’échec d’un système, le système Collomb ». Quitte à ressortir un dossier qui fleure bon la naphtaline.

L’histoire souffle bientôt ses neuf bougies. Le 24 décembre 2004, Gérard Collomb, alors jeune maire de Lyon, décide de se débarrasser de dix immeubles haussmanniens datant de la fin du XIXème siècle, en les vendant pour 87 millions d’euros au fond de pension américain Cargill.

C’était selon le maire la meilleure offre que la Ville ait reçue. On a du mal à le croire car à peine un an plus tard, en 2005, Cargill revend les seuls pas-de-porte pour la rondelette somme de 99 millions d’euros à la SA Les Docks Lyonnais, une filiale de la banque suisse UBS. « La plus-value est allée dans la poche des retraités américains, pas dans le portefeuille des contribuables lyonnais », s’étrangle le maire du 2ème Denis Broliquier. « A l’époque, la Sacvl avait fait une offre de 90 millions d’euros à la Ville pour racheter les immeubles, mais Collomb lui a interdit de candidater. Si le bâti était passé à la Sacvl, nous aurions conservé la maitrise de l’urbanisme commercial de ce quartier », ajoute Emmanuel Hamelin.

Les Docks Lyonnais s’emploient alors à faire le vide parmi les commerçants dans le but de transformer le quartier en une avenue Montaigne à la lyonnaise, regorgeant de commerces clinquants. Depuis, seul Séphora est venu et le seul locataire de luxe existant, Zilly, a claqué la porte.

L’histoire est a priori du pain béni pour le candidat UMP Michel Havard qui tient là l’un des plus gros échecs du maire sortant. Sauf que voilà, le dossier est probablement en train de s’arranger. Car les Docks Lyonnais viennent d’être rachetés par le fonds émirati Abu Dhabi Investment Authority (Adia), également propriétaire de 24 immeubles de la rue de la République. Si on ne connait pas encore les projets du nouveau bailleur, on peut parier qu’il saura faire jouer les synergies entre ses différentes adresses.

Du coup, c’est au pied levé que l’équipe Havard a improvisé une conférence de presse à 16h dans un troquet du quartier, décidée le matin même. Et tant pis si la météo n’y était pas pour la symbolique pose de plaque, il ne fallait pas louper cette occasion de fustiger les « mirages » du « bonimenteur » Collomb. En attendant les projets du candidat UMP pour les municipales.

A le croire ça cogite d’ailleurs pas mal actuellement de ce côté-là. Pas moins de huit réunions thématiques sont prévues pendant la trève des confiseurs avec les frères d’armes de l’UDI. Du concret devrait être présenté dès fin janvier. « J’ai hâte », confie Michel Havard. Nous aussi.

Publié le : vendredi 20 décembre 2013, par Tony Truand