Projet pilote

La Martinière accueille un élève robotisé

Les élèves de la terminale S5 ont partagé leur cours avec un drôle de compagnon ce mardi 21 janvier. Une tête ronde, deux yeux bleus, un très long cou et deux roues pour se déplacer. Il n’a pas encore de nom, ou plutôt il en change au gré des utilisations. Ce petit robot qui sera testé dès la rentrée prochaine dans trois lycées rhônalpins, devra permettre à des élèves malades de continuer à suivre leurs cours comme s’ils étaient en classe.

Ce mardi, c’est Charlotte qui a mimé l’élève absente, pour les besoins de la présentation du dispositif à la presse. Installée dans une autre classe, elle a pu guider le robot jusqu’à la place qu’elle occupe habituellement, grâce à un simple ordinateur. La caméra et le microphone du robot lui ont alors permis de suivre le cours, tandis que l’écran monté sur la tête de la machine l’a rendue visible en classe.

Le robot vient des USA mais la partie logicielle est développée à Villeurbanne par Awabot, la nouvelle société de Bruno Bonnell. « Il s’agit d’un projet unique en Europe, voire dans le monde », a assuré l’ancien président d’Infogrames. Il pilote également la phase d’expérimentation. Le projet, initié par la Région Rhône-Alpes, coûte 490 000 euros et dure deux ans. Outre la Martinière de Monplaisir, les lycées Claude Fauriel (Saint-Etienne) et Joseph Marie Carriat (Bourg-en-Bresse) accueilleront également leur petit robot.

Celui-ci n’a rien à voir avec un simple dispositif de visioconférence, a insisté Bruno Bonnell. « Lors d’une téléconférence, l’utilisateur reste un simple spectateur, même s’il peut intervenir de temps en temps, tandis que le robot assure une vraie présence de l’élève en classe. » D’autant qu’il peut suivre ses camarades dans la cour de récré ou à la cantine. « Nous sommes en train de développer un menu spécial pour lui », a plaisanté Bruno Bonnell, qui a d’ailleurs usé ses fonds de culotte sur les bancs de la Martinière en 1975.

Après la démonstration médiatique du dispositif, le travail ne fait que commencer pour la start-up villeurbannaise. « Nous devons développer l’interface qui permettra aux professeurs et élèves d’interagir avec le robot », explique Jérémie Koessler, directeur technique d’Awabot. Puis, à la rentrée prochaine, elle assurera la formation des enseignants et, au coup par coup, des élèves malades.

Ceux-ci ne nécessitent qu’un ordinateur portable (pas de tablette pour l’instant, les logiciels n’étant pas compatibles) et une connexion ADSL. Dans un premier temps, le dispositif ne s’adressera qu’à des élèves alités à la maison pour une durée relativement longue. « Suite à une jambe cassée ou une appendicite par exemple », précise Jérémie Koessler. Mais il ne fonctionne pas encore à l’hôpital.

« Le robot doit rester un moyen supplémentaire », a toutefois prévenu Georges Kighelman, proviseur du lycée. « Personne ne rêve d’une classe remplie de robots. » Et il n’est pas non plus question de le laisser perturber le cours. « Si l’élève a décidé de chanter à tue-tête, le prof pourra éteindre le robot. Ça reste une machine », a rassuré Bruno Bonnell.

Publié le : mardi 21 janvier 2014, par Michael Augustin