A partir du 14 mai

Le Vieux-Lyon fête les 50 ans de son sauvetage

Le quartier y a échappé belle. « Les trois-quarts du Vieux-Lyon devaient être rasés, notamment pour laisser la place à une voie rapide entre le pont du Maréchal-Juin et la montée du Chemin-neuf », se souvient Véronique Nether, présidente de Renaissance du Vieux-Lyon. La résistance de cette association d’habitants, ainsi que la loi Malraux ont eu raison de ce projet. Une victoire qui fête ses 50 ans cette année.

Lyon, fin des années 50. Le Vieux-Lyon est un quartier « qui craint », raconte Véronique Nether. Ses façades sont noires, ses rues sales, les rats courent le long des murs. « Un ramassis de taudis, tout juste bon pour l’équarrisseur », selon l’ancien maire de Lyon Édouard Herriot.

Le quartier est composé pour l’essentiel d’appartements dits de loi 1948, c’est à dire des logements dont les loyers sont bloqués mais qui sont dénués de tout confort, sans salle de bain ni WC intérieur. « Le quartier est populaire mais l’ambiance est chaleureuse », précise la présidente de Renaissance du Vieux-Lyon. « Il y a un mode de vie collectif, on se rend service. »

A l’hôtel de ville, le nouveau maire Louis Pradel fait la chasse aux taudis à coups de bulldozer, ce qui lui vaut le surnom « zizi béton ». Il est soutenu par son architecte en chef André Donzet, « un hygiéniste », selon Véronique Nether, pour qui le Vieux-Lyon représente avant tout un problème d’insalubrité. Les deux hommes ne souhaitent garder du quartier que quelques monuments, comme la cathédrale Saint-Jean.

Mais les habitants et notamment l’association Renaissance du Vieux-Lyon ne l’entendent pas de cette oreille. Ils font feu de tout bois pour sauver leur quartier. « Il y a eu des batailles rangées et rudes », se souvient Véronique Nether. Mais pas que. L’association multiplie aussi les manifestations populaires - visites, carnavals, feux de la Saint-Jean, fêtes estivales, illuminations du 8 décembre - pour faire connaitre son quartier, car à l’époque « les lyonnais ne venaient pas dans le Vieux-Lyon ».

André Malraux, ministre de la culture du général de Gaulle, visite le quartier et décide de le protéger. « [Les nations] ont découvert que l’âme de [leur] passé n’est pas faite que de chefs d’œuvre, qu’en architecture un chef d’œuvre isolé risque d’être un chef d’œuvre mort », déclara-t-il le 23 juillet 1962 à l’assemblée nationale. C’est ainsi que le Vieux-Lyon devint le 12 mai 1964 le premier secteur sauvegardé de France (il y en a aujourd’hui une centaine).

Mais le quartier ne fut réellement sauvé qu’avec l’arrivée de Francisque Collomb à la mairie de Lyon en 1976. Le nouveau premier magistrat et son architecte en chef Jean-Gabriel Mortamet mobilisent les services de la ville et notamment les offices HLM pour rénover le quartier. Pas une mince affaire. « Il fallait tout refaire : tout à l’égout, électricité, plomberie... », note Véronique Nether.

Aujourd’hui, le quartier, classé au patrimoine historique de l’Unesco depuis le 2 décembre 1998 est l’un des plus visités de Lyon et accueille 1 million de touristes par an. Et fête à partir du 14 mai sa sauvegarde à coups d’exposition, livre photos, colloques... et une illumination spéciale le 8 décembre. Le programme complet est en ligne sur le site de l’association Renaissance du Vieux-Lyon.

Publié le : mardi 29 avril 2014, par Michael Augustin