Novembre des canuts
Faire découvrir ou redécouvrir tout ce que les canuts ont fait, en plus de leur métier de tisseur, voilà l’ambition du Novembre des canuts. « Loin d’être uniquement des artisans de techniques de tissage extraordinaires, les canuts sont aussi à l’origine de nombreux fondements de notre droit social », rappelle Véronique Vallet de la Compagnie du chien jaune, une troupe croix-roussienne et l’un des organisateurs de la manifestation. Les canuts se sont battus pour nombre de droits fondamentaux, comme la liberté de la presse, le droit à la santé, mais aussi pour l’amélioration de la condition ouvrière (condition des femmes, formation professionnelle, juste rémunération, droit de coalition, vote aux Prud’hommes…).
C’est justement les Prud’hommes qui ont été choisis comme thème fédérateur de cette deuxième édition. Si l’institution ne date pas d’hier (elle fut instaurée par Napoléon Ier en 1806, spécifiquement pour le secteur de l’industrie de la soie à Lyon), elle a défrayé la chronique à plusieurs reprises ces derniers mois. Il y avait tout d’abord le mouvement de grève, particulièrement suivi à Lyon, qui a accompagné l’annonce de la suppression de 63 conseils de Prud’hommes en France, la baisse des rémunérations des conseillers, mais aussi une participation en baisse constante lors des élections prud’homales. Elle est tombée à 25,5% en 2008. « Un choc », commente l’historien Robert Luc, un autre membre du collectif organisateur. Et de rappeler que « les canuts se sont battus pour ça. » Pour lui, la manifestation doit avoir un but pédagogique : « essayer de faire découvrir cette institution à un maximum de gens pour que, la prochaine fois, ils se déplacent aux élections, ou qu’ils soient candidats ».
En 2008, la première édition, placée sous le thème de la liberté de la presse (les canuts avaient créé le premier journal ouvrier l’Echo de la Fabrique), avait connu un succès d’estime en rassemblant sur deux jours quelque 450 personnes. A la suite de ce ballon d’essai, un collectif s’est créé, qui réunit entre autres la Maison des canuts, l’association Soierie vivante, la République des canuts et divers syndicats.
Cette deuxième édition, toujours organisée en novembre en mémoire de la première révolte des canuts (21-24 novembre 1831) est « plus longue et plus étoffée », souligne Valérie Zipper, réalisatrice de la Compagnie du chien jaune. Au programme : conférences, théâtre, débats, exposition, balades, dédicaces, musique et cinéma. Parmi les temps forts, une pièce de théâtre, écrite spécialement pour l’occasion : De gré à gré, inspirée de l’histoire des Prud’hommes, et la conférence d’Alain Cottereau, directeur d’étude à l’EHESS à Paris, et grand spécialiste de l’institution.
Infos : du 16 au 29 novembre dans différents lieux de la Croix-Rousse et des Pentes. Rens. : www.novembre-canuts.fr et 04 72 00 84 63
Publié le : lundi 9 novembre 2009, par