Une initiative « qui va décoiffer »
Trois des cinq chambres de commerce et d’industrie (CCI) de l’aire métropolitaine lyonnaise ont décidé de fusionner. La nouvelle structure couvrira alors 80% du bassin économique autour de Lyon, soit 100 000 entreprises. Les deux autres chambres, Nord-Isère et Villefranche-Beaujolais ont jusqu’à la fin de l’année pour rejoindre le mouvement. Ou pas.
Si elles se disent pour l’instant incapables de chiffrer les économies attendues de la fusion, les trois chambres consulaires ont décidé de créer des synergies. Derrière ce mouvement apparait ainsi clairement l’annonce d’une baisse de leurs dotations, voulue par le gouvernement. L’État compte en effet réduire de 37% la taxe affectée aux chambres de commerce, en plus d’une ponction de 500 millions d’euros en 2015 dans leurs fonds de roulement.
« Les moins 37% de nos recettes nous amènent à considérer nos missions différemment », explique Jean-Bernard Devernois, présidant de la CCI de Roanne. « Nous allons tout décloisonner. Quelle que soit leur localisation, les entrepreneurs auront accès aux meilleures prestations », ajoute André Mounier, son homologue de Saint-Étienne. L’ensemble des services proposés par les trois structures sera donc accessible à toutes les entreprises. « Nous allons réinventer notre modèle », promet Emmanuel Imberton, président de la CCI de Lyon, qui annonce de « très fortes initiatives dans le domaine de la formation professionnelle, des trucs qui vont décoiffer. » Une première initiative a d’ores et déjà été prise avec l’implantation d’un campus de l’école de commerce EM Lyon à Saint-Étienne.
Mais les économies de fonctionnement ne sont pas la seule motivation, à l’en croire les trois présidents. « Nous nous devions de répondre à la création de la métropole de Lyon. En face, il faut une structure consulaire adéquate », souligne Jean-Bernard Devernois. « Nous voulons regrouper nos forces et parler d’une seule voix », précise Emmanuel Imberton. En clair, ne pas se laisser manger par la puissante future Métropole de Lyon.
Pour ne pas effrayer ses futurs partenaires, la CCI de Lyon a fait patte de velours. Sa représentation dans la future assemblée (39 élus sur 60) sera ainsi inférieure à son poids économique. « Il n’est pas question d’une CCI qui en absorbe une autre. Nous élaborons ensemble un modèle original », insiste le président de la CCI de Lyon.
Si le processus va à son terme, la nouvelle chambre métropolitaine verra le jour lors du renouvellement consulaire en janvier 2016. D’ici-là, les trois présidents, qui se disent forts d’un « soutien franc et massif du Medef et de la CGPME », présenteront le projet le 24 novembre à leurs assemblées générales respectives, avant une décision en décembre de la CCI régionale Rhône-Alpes.
C’est à cette même date que les chambres de Nord-Isère et Villefranche-Beaujolais doivent sauter sur le train en marche si elles le souhaitent. Or, pour l’instant elles restent réticentes à l’idée d’une fusion.
Publié le : jeudi 20 novembre 2014, par