Régionales - UMP

L’UMP inaugure son local de campagne et sonne le tocsin

« Jusqu’à présent c’était de la rigolade. Maintenant, il va falloir mouiller la chemise. » Michel Forissier, secrétaire départemental de l’UMP a tenté ce samedi d’exalter ses troupes, rassemblées dans le nouveau local de campagne pour les régionales.

L’ambiance était au volontarisme, malgré les sondages qui ne décollent toujours pas pour le parti présidentiel. « La seule chose que je vous demande c’est de gagner » a lancé Michel Forissier à ses troupes. « Il y aura une très grosse surprise à la fin du premier tour » pronostique Philippe Cochet, le président de la fédération du Rhône. Avant de s’éclipser juste après la photo de famille (politique).

L’assistance était considérablement rajeunie, comparée au lancement de campagne, 8 jours auparavant, au très peu chaleureux centre de séminaires de l’Espace Tête d’Or, où 600 adhérents, sagement alignés, avaient assisté au défilé des têtes de listes départementales. Ainsi, la plus acclamée ce samedi était la jeune et pétillante responsable des Jeunes UMP dans le Rhône, Marine Courtaut. Haute de ses 18 ans, cette étudiante en première année de droit occupe la 45ème et dernière place sur la liste menée par Nora Berra et Philippe Meunier. Ce qui ne l’a pas empêché de l’emporter haut la main à l’applaudimètre.

C’est que la constitution des listes UMP a laissé des traces. « On ne va pas dire qu’on n’a pas eu de gros problèmes à régler », reconnaît Michel Forissier. Entre les partis amis qu’il fallait caser et quelques dignitaires locaux recalés, les plaies sont vives. « Il parait que le mécontentement était grand chez les UMP qui s’estimaient floués par la place accordée aux "mouvements associés" qui n’ont souvent de mouvement que le nom et pour seul viatique de faire croire que sans eux, rien ne serait possible », écrit Erick Roux de Bezieux, ancien conseiller municipal du 6ème, sur son blog. « On note la disparition corps et biens d’Emmanuel Hamelin, de François Turcas et de Laure Dagorne, sortants sortis pour cause de lèse Perben, pour les uns, ou de fainéantise pour les autres », poursuit ce patron d’une agence de communication. La fronde a été si large que seuls 60% du Conseil national, le parlement interne de l’UMP, ont approuvé les listes.

Quant au programme, le discours est désormais bien rodé. Avec l’UMP, il n’y aura pas de surprise, puisque la même liste sera alignée au premier et au second tour. Ayant fait le vide autour d’elle à droite, la formation présidentielle ne dispose effectivement plus de réserve de voix. Tout du moins si le Front National parvient à se maintenir. Elle se console en pronostiquant un crêpage de chignon entre les différentes formations de gauche, au lendemain du premier tour. « Philippe Meirieu vendra très cher ses places et le Front de Gauche ne veut entendre parler ni du MoDem ni de Gérard Perrissin-Fabert (membre du Parti Radical de Jean-Louis Borloo, fraîchement débauché par Queyranne, ndlr) », analyse un animateur de la campagne UMP.

Pour le reste, les critiques se concentrent sur la supposée dérive dépensière de Jean-Jack Queyranne. Dans la ligne de mire : le nouvel hôtel de région, actuellement en construction à la Confluence, et dont le coût dépasse les 200 millions d’euros, selon l’UMP (141 millions d’euros, d’après l’association indépendante CANOL). « C’est le prix de 10 lycées », s’indigne Pierre Bérat. « On aurait pu faire plus modeste. » Ce conseiller municipal du troisième, numéro 6 sur la liste des régionales, aurait préféré que la bâtisse soit construite du côté de l’aéroport. « Une zone économique en plein développement », estime-t-il. Mais totalement inaccessible autrement que par la route. « Nous ne sommes pas anti-voiture », rétorque le candidat.

A l’UMP tout le monde n’est pas d’accord. D’autres auraient laissé l’hôtel de région là où il est, à Charbonnières. Un endroit qui n’est pas mieux desservi en transport en commun non plus. Sébastien Girerd, directeur de campagne pour les régionales approuve, lui, l’emplacement choisi à proximité de la gare Perrache : « Nous n’allons pas le déconstruire », commente-t-il avec ironie. Mais d’après ses calculs, le bâtiment est déjà trop petit. Il manque 14 000 m² de bureau. « On aurait dû prendre en considération les besoins réels », glisse-t-il.

Quant au local de campagne, situé rue des remparts d’Ainay (Lyon 2ème), il est suffisamment spacieux, lui, et plutôt sympa avec ses pierres apparentes. En revanche, la prise de quartiers de l’UMP est si récente que la devanture arborait encore les couleurs de son précédent locataire, le magasin de prêt-à-porter mavi. Ce n’est qu’à la fin du pince-fesses inaugural que quelques militants se sont aperçus de la confusion et ont commencé à arracher les anciennes enseignes.

Publié le : samedi 13 février 2010, par Michael Augustin