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Part-Dieu 2030 : un grand parc au milieu des tours

Un grand parc au cœur du quartier d’affaires, un centre commercial souterrain, une dizaine de tours et des logements, voilà à quoi ressemblera la Part-Dieu dans 20 ans. Ce sont en tout cas les conclusions du rapport rédigé par le cabinet d’urbanisme Desmas/Lavigne/Grosclaude, que Lyon Info a pu consulter. Mandaté en septembre dernier par le Grand Lyon, pour réfléchir à l’avenir du centre d’affaires lyonnais, ce cabinet parisien réputé présentera ses travaux le 26 avril, lors de la prochaine réunion du conseil communautaire. Ils bouleverseront la ville.

Tout doit disparaître, ou presque. Seuls l’Auditorium, le Crayon et la tour Oxygène resteront. Exit donc la tour EDF, la bibliothèque, les barres des rues du Lac et Desaix et le complexe de bureau Le Britannia. Même le centre commercial va disparaître sous sa forme actuelle. « La plupart des immeubles à la Part-Dieu ont été construits dans les années 60 et 70. Ils ne sont plus du tout adaptés. Largement amortis, ils peuvent être démolis », explique Jacques Desmas, l’un des trois associés du cabinet d’urbanisme. Le quartier, souvent décrié pour sa laideur et son manque de fonctionnalité, s’en trouvera complètement métamorphosé.

La pièce maitresse du nouvel aménagement sera un grand parc qui s’étendra de Vivier-Merle à Garibaldi, face à la place Charles Béraudier. Ainsi, en sortant de la gare en 2030, on bénéficiera d’un panorama autrement plus agréable qu’aujourd’hui. « Nous avons voulu créer une porte d’entrée à l’image de cette agglomération qui concilie dynamisme économique et qualité de vie », explique Jacques Desmas. Actuellement, la Part-Dieu accueille quotidiennement 100 000 voyageurs. Ils seront deux fois plus nombreux dans 20 ans, grâce notamment aux nouvelles lignes TGV qui relieront Lyon à Turin et Barcelone. Sans oublier les touristes qui emprunteront Rhônexpress (ex Leslys) pour se rendre de l’aéroport en centre ville.

Le parc d’une superficie de 12 hectares, soit le double de Bellecour, comprendra des aménagements paysagers, des aires de jeux, mais aussi de vastes pelouses. « L’été, il pourra y avoir un cinéma en plein air », s’enthousiasme Michel Idé, conseiller technique en matière de l’urbanisme à la Mairie. « Comme celui qui a lieu tous les ans en juillet et août au parc de la Villette à Paris. »

Le centre commercial s’enterre

Sous ce parc s’étendra le nouveau centre commercial. Pour cela, les urbanistes se sont inspirés du Forum des Halles à Paris et des galeries commerciales souterraines de Montréal. Sur 4 étages enterrées, il offrira 150 000 m² de surface de vente, soit 25% de plus qu’aujourd’hui. « L’erreur des promoteurs du centre commercial actuel était d’installer en centre ville un concept pensé pour les zones commerciales en périphérie », note Jacques Desmas. Et de faire remarquer que, puisqu’un centre commercial est dépourvu de fenêtres, il se prête particulièrement bien à être enterré.

La bibliothèque et France 3 devront déménager et s’installeront à l’angle Garibaldi/Deruelle à proximité de l’Auditorium. Déjà il y a 50 ans, la création d’une cité de la culture faisait partie du projet de la Part-Dieu. « Nos premiers programmes comportaient un important centre culturel », se souvient Charles Delfante, l’urbaniste en chef de la ville de 1962 à 1989. Ce complexe culturel prévoyait une bibliothèque, une salle de concerts, un théâtre, une Maison de la radio, ainsi qu’un cinéma et des salles d’expositions. 70 ans plus tard, ce rêve deviendra réalité.

Attirer de grandes entreprises

Ce n’est toutefois pas par pure nostalgie que le Grand Lyon a lancé ce projet titanesque. « Nous nous rendons compte que le critère principal qui amène une entreprise à s’installer dans une ville ou dans une autre est la qualité de vie qu’elle peut offrir à ses salariés », commente Gérard Collomb. « Et ce n’est pas la Part-Dieu d’aujourd’hui qui fera venir beaucoup de monde. » Pour preuve, le maire de Lyon pointe les difficultés du promoteur de la tour Incity à trouver des locataires, malgré les qualités de la construction. « Si on ne fait rien, dans quelques années, il n’y aura plus que des petites boîtes dans nos jolies tours alors que les grandes entreprises seront allées s’installer à Barcelone ou à Milan », conclut le président du Grand Lyon. Avec ce réaménagement ambitieux, Gérard Collomb espère attirer suffisamment de sièges sociaux pour pouvoir construire une dizaine de tours autour du parc central.

Mixité

700 logements se trouvent aujourd’hui sur le périmètre à réaménager, soit la zone entre Garibaldi à l’ouest et Vivier-Merle à l’est, puis entre le boulevard Eugène Deruelle au nord et Paul-Bert au sud. Ils se concentrent essentiellement dans les deux barres de la rue du Lac et la rue Desaix, ainsi que le long de la rue Paul Bert. Afin de maintenir une mixité logements/bureaux dans le quartier, 900 appartements seront construits dans de petits immeubles de 5 étages maximum.

Calendrier

Un projet d’une telle ampleur nécessite la mise en place d’un Grand projet de ville, et la signature d’une convention entre la Communauté urbaine et l’État. Une procédure complexe qui prendra environ deux ans. Une fois le contrat paraphé, la communauté urbaine peut racheter les terrains nécessaires. A priori, elle ne commencera qu’en début de la prochaine mandature en 2014, les budgets actuels étant déjà bouclés. C’est aux alentour de 2018-2020 que les démolitions pourront alors commencer. Les premiers à déménager seront France 3 et la bibliothèque. Une fois l’actuelle bibliothèque démolie, la construction du nouveau centre commercial sera lancée. Les boutiques déménageront au fur et à mesure de l’achèvement du nouveau centre et de la démolition de l’ancien. Fin des travaux en 2030.

Publié le : jeudi 1er avril 2010, par Michael Augustin