Exposition

Quand la police scientifique fut inventée à Lyon

Il fallait qu’Edmond Locard, médecin légiste et élève du professeur Alexandre Lacassagne, soit un visionnaire pour installer un embryon de laboratoire de police dans les greniers du palais de justice lyonnais. C’était en 1910. Les archives municipales dédient une exposition à celui qui fut le père fondateur de la police scientifique moderne.

« C’était en pleins combles du palais de justice de Lyon, quelques pièces d’où il fallut chasser les araignées. On y accédait après cinq étages, par un escalier qui ressemblait à une échelle. Mon personnel, au début, était des plus discrets : il se composait d’un garde champêtre et d’un gardien de la paix », écrivit alors Edmond Locard.

Ce médecin lyonnais a la conviction qu’il faut réunir sous un même toit les services techniques servant à une enquête policière, la toxicologie et les stupéfiants, la balistique, la dactyloscopie ou l’étude des empreintes digitales qui lui permirent de confondre un coupable dès cette année 1910, ou encore l’analyse de toutes les traces présentes sur une scène de crime et, bien sûr, l’expertise de documents, son domaine de prédilection. Son traité de criminalistique en sept volumes datant des années 1930 reste encore une référence.

Si Locard reste d’actualité, c’est surtout par son principe d’échange. Personne « ne peut aller et revenir d’un endroit, entrer et sortir d’une pièce sans apporter et déposer quelque chose de soi, sans emporter et prendre quelque chose de l’endroit ou la pièce », formule le médecin en 1919. Ce principe dit de Locard reste la base de la police technique et scientifique actuelle. Enfin Locard militait ardemment pour la création d’une organisation internationale contre le crime. Ce n’est pas tout à fait un hasard si Interpol a été implanté à Lyon en 1989, vingt-trois ans après sa mort.

Locard avait commencé avec un bec bunsen et deux assistants. Aujourd’hui, 550 experts travaillent à l’Institut National de Police Scientifique (INPS), établissement public dépendant du ministère de l’Intérieur, qui compte six laboratoires (Lyon, Paris Ier, Paris XIIe, Lille, Toulouse, Marseille). Les analyses ADN constituent 90% de leur activité.

Le laboratoire de Lyon, avec son unité de génotypage semi-automatisée, qui peut traiter 20.000 prélèvements par mois, est toujours l’un des plus en pointe d’Europe. Il est installé dans un complexe ultramoderne à Ecully où sont rassemblées plusieurs institutions de police scientifique, dont le fameux fichier national des empreintes génétiques (Fnaeg).

Infos : Empreintes d’Edmond Locard, du 9 avril au 13 juillet, lundi de 11h à 17h, du mardi au vendredi de 8h30 à 17h, à partir du 4 mai : samedi de 13h à 18h. Entrée libre. Archives municipales, 1, place des Archives, Lyon 2ème, www.archives-lyon.fr, 04 78 92 32 50

Publié le : mardi 6 avril 2010, par Michael Augustin