Montluc

La prison de l’horreur devient un lieu de mémoire

Lors de sa venue à Lyon lundi dernier, le Premier ministre François Fillon a visité en avant première le futur mémorial du Fort Montluc. Construite entre 1831 et 1835, cette ancienne prison militaire fut réquisitionnée en novembre 1942 par la Gestapo. Jean Moulin y a été incarcéré quelques jours avant son transfert à Paris. Encore en travaux, le lieu ouvrira définitivement au public en septembre à l’occasion des Journées du patrimoine.

Ernest et Zarha Touitou vivaient à Saint Fons. Lauréats du prix Cognacq-Jay, ils étaient parents de 11 enfants. Henri, l’aîné avait 16 ans, Gilbert, le plus jeune n’en avait que 3. Incarcérés à Montluc, avant d’être transférés à Drancy, puis déportés à Auschwitz, la famille fut presque entièrement exterminée. Seuls les 2 aînés Henri et Joseph (15 ans) survécurent. Leur crime ? D’avoir été de confession juive.

Comme eux, des milliers d’hommes et de femmes étaient entassés au Fort Montluc, à plusieurs dans des cellules de 3 ou 4 m², avec un seau d’eau comme seul mobilier, pour un temps plus ou moins long, en attente de déportation ou de transfert. C’est à tous ces gens connus ou anonymes que le futur lieu de mémoire du Fort Montluc entend rendre hommage.

Dans chaque cellule est affiché le portrait d’un détenu qui est passé dans cette ancienne geôle nazie. Ils étaient résistant, pasteur, curé ou préfet. Nul ne sait encore qui a occupé quelle cellule. Ainsi c’est au hasard que les plaques ont été apposées. Dans une pièce collective, une affiche rappelle la colonie d’Izieu, où 44 enfants et 7 adultes juifs ont été arrêtés en 1944, puis déportés et tués à Auschwitz.

La transformation en lieu de mémoire de cette ancienne prison de 3 étages fait partie du plan de relance du gouvernement.

Publié le : jeudi 24 juin 2010, par Michael Augustin