Téléphonie mobile

Une antenne dans le 3ème, malgré la mobilisation

Deux fausses cheminées sont posées sur la chaussée au pied du 61 rue Professeur Rochaix dans le 3ème arrondissement. A l’intérieur, deux antennes de téléphonie mobile de SFR, prêtes à être installées sur cet immeuble de 5 étages. Une dizaine d’ouvriers sont à pied d’œuvre dès 8h du matin. En face, autant de riverains, descendus pour empêcher l’opération.

« En face il y a une crèche, de l’autre côté l’hôpital (Edouard Herriot, ndlr), je suis inquiet », affirme Philippe Rebouillat. Il a vu le rassemblement le matin en déposant sa fille à ladite crèche et s’est spontanément associé aux riverains. Les riverains, eux, se sont organisés en collectif depuis avril. « Depuis que le panneau des travaux a été posé », explique Maryam Corrochano, la gérante du magasin de matériel médical au rez de chaussée. « Ils n’ont même pas mis "antenne" mais "station de téléphonie mobile », s’indigne cette maman d’une fille de 3 ans. « J’ai travaillé 4 ans chez SFR, j’ai vite compris ».

Avec ses voisins, elle a réuni 80 signatures sur une pétition, écrit au maire. Sans succès. « Aucun élément objectif et réglementaire ne permet au Maire de s’opposer à ces travaux », leur a écrit le directeur de l’écologie urbaine de la ville dans sa réponse du 21 mai. En ajoutant qu’« aucun des deux émetteurs installés ne sont (!) orientés en direction de site sensible. » Loin de rassurer les riverains, cette phrase les inquiète encore plus : « s’il n’y a pas de risque pourquoi ils disent que les antennes ne sont pas dirigées vers les crèches ? »

En attendant, les ouvriers se tournent toujours les pouces. L’entreprise Spie, chargée du montage fait venir un huissier. Celui-ci constate, compte, prend des photos. Puis, à 11h, Jean-Luc Spohn Villeroy, responsable environnement chez SFR arrive sur les lieux. Souriant, pédagogue, il tente de rassurer les riverains. Il connaît ses antennes, a réponse à tout. « Nos antennes respectent la réglementation internationale, n’ont aucun impact sur la santé », affirme-t-il. « On a dit la même chose de l’amiante », lui oppose un riverain. « Parlons de l’amiante, je m’y connais », répond, serein, le responsable environnement. « Moi aussi, mes deux parents en étaient malades », rétorque le monsieur en face. La discussion n’ira pas plus loin.

Jean-Luc Spohn Villeroy déroule son argumentaire : « les antennes émettent à 1800 et 2100 Mhz, ça vous permets d’utiliser votre iPhone ». « Pourquoi une nouvelle antenne, alors qu’on capte déjà 5 sur 5 ici ? » veulent savoir les riverains. « On a une croissance de 10 à 15% par an. SFR posséde une très grosse centaine d’antennes à Lyon. Pour faire face à la demande nous devons installer 10 à 15 nouvelles antennes par an. » « Pourquoi ici ? » « L’emplacement est calculé par rapport à notre réseau. »

Ces paroles rassurantes ne parviennent pas à convaincre les contestataires. « Il prêche sa bonne parole », soupire Eloïse Reynaud-Fortier, qui dit se sentir « impuissante, victime d’un système de fric ». « Pour nous c’est non », insiste Jean Rinaldi, responsable Rhône-Alpes de l’association Robin des toits. « On sait que c’est dangereux. Il y a des maux de tête, des insomnies, des dépressions. »

Vers 12h30, Jean-Luc Spohn Villeroy siffle la fin de la partie : « soit vous nous laissez travailler maintenant, soit on appelle la police ». L’annonce fait son effet. « La police nous ferait partir », explique Jean Rinaldi aux riverains. Le siège est levé, les grutiers peuvent commencer. Le chantier a quand même pris 4h30 de retard. « On a dit qu’on n’était pas contents », résume Eloïse Reynaud-Fortier. Le collectif va réfléchir à une éventuelle action en justice.

Publié le : lundi 5 juillet 2010, par Michael Augustin