Déplacements doux

Le double sens cyclable ne tourne pas rond à Lyon

8 km d’itinéraires sur 54 km possibles. Voilà le maigre résultat de la mise en place du double sens cyclable à Lyon. Les associations de cyclistes sont furieuses et menacent de saisir les tribunaux.

Le double sens cyclable permet aux vélos d’emprunter une rue en sens interdit. Un décret du 30 juillet 2008, fait de cette mesure la règle dans toutes les zones 30 en France. Il a laissé aux villes jusqu’au 1er juillet de cette année pour se mettre en conformité. Or, par deux arrêtés (11 pages au total), signés juste avant la date limite, le maire de Lyon a pris soin d’exclure de ce dispositif une par une la quasi totalité des rues de la ville.

« Une erreur d’appréciation » fulmine Nicolas Igersheim, président de l’association cycliste La ville à vélo, qui a formulé deux recours gracieux contre les arrêtés du maire et envisage de saisir le tribunal administratif. « Le double sens cyclable fonctionne partout », affirme ce militant cycliste qui cite le cas de Paris, où la quasi totalité des 65 zones 30 sont désormais aménagées. Pour lui, la mairie de Lyon a peur « de la réaction de l’automobiliste moyen ».

« Il s’agit d’une première phase d’installation », tempère Gilles Vesco, en charge des déplacements doux au Grand Lyon. « Il faut laisser le temps aux gens de s’habituer. » Un argument qui ne convainc pas Nicolas Igersheim. : « La mairie envoie un mauvais message : "attention, le vélo est dangereux." ». Or, pour lui « ce système est plus sûr parce que le cycliste fait face aux voitures ».

Les automobilistes lyonnais plus réfractaires que les autres ?

« Le double sens cyclable est le moyen le plus sûr et le plus simple de promouvoir l’automobile en ville », affirme le président de La ville à vélo. En effet, de nombreuses communes n’ont pas attendu la date limite pour généraliser ce dispositif. C’est le cas de Bordeaux qui l’a mis en place dès 2003. 120 rues ont été aménagées de cette manière soit 26 km d’itinéraire. Ainsi la part du vélo dans la circulation bordelaise est de 5%, contre la moitié seulement à Lyon. « La cohabitation entre cyclistes et automobilistes fonctionne parfaitement, compte tenu de la bonne visibilité de chacun, dans ces voies étroites où le trafic reste faible », note la mairie de Bordeaux.

La Sécurité Routière est du même avis « Les conducteurs (autos, camions, motos, etc.) et les cyclistes bénéficient d’une meilleure visibilité réciproque. [Le double sens cyclable] permet aux cyclistes d’éviter les grands axes de circulation, souvent désagréables, anxiogènes et dangereux pour eux. Enfin, il simplifie les itinéraires des cyclistes, réduisant ainsi leurs distances et leurs temps de déplacement en ville », écrit cette agence rattachée au ministère du développement durable.

« Nous n’avons jamais eu d’accident », assure de son côté la mairie de Strasbourg. Communément appelé capitale du vélo en France, la ville fait encore mieux. Elle compte 145 km de voirie en zone 30, et le double sens cyclable s’applique désormais partout. « Seules 6 rues sont exclues du dispositif, pour des raisons de sécurité », déclare la mairie. Sans surprise, le vélo représente 7,6% de la circulation strasbourgeoise et même 14% sur la Grande Ile, le centre historique de la ville, entièrement aménagée en zone 30. La mairie songe désormais à étendre la mesure dans d’autres quartiers, comme Neudorf, Robertsau, le quartier des Quinze ou encore celui autour des institutions européennes.

Tandis qu’à Lyon, une éventuelle extension de la zone dépend désormais du tribunal administratif. La ville à vélo a jusqu’à fin septembre pour déposer sa requête.

Publié le : mercredi 1er septembre 2010, par Michael Augustin