Retraites

A Lyon, Bernard Thibault promet une rentrée agitée

« Le gouvernement aurait tort de considérer que le 7 septembre serait seulement un mauvais moment à passer. » Le ton était donné au meeting lyonnais de la CGT, où quelque 500 adhérents, selon les organisateurs, faisaient déborder la petite salle de la Bourse du travail. Bernard Thibault, secrétaire général du syndicat, qui avait choisi Lyon pour sa rentrée médiatique, était venu galvaniser ses troupes avant la journée de grève du 7 septembre Il a appelé à trouver d’autres solutions pour financer les retraites, avant de quitter l’estrade sur une standing ovation.

« Aucun gouvernement ne peut résister si la pression sociale devient trop forte », voulait croire Bernard Thibault. « Nous n’appelons pas à la mobilisation le 7 septembre en guise de baroud d’honneur, à un rendez-vous exutoire pour clamer notre colère et abandonner nos objectifs en rase campagne », a-t-il prévenu. Devant la presse, il a affirmé vouloir « faire quelque chose de comparable » à la dernière journée de grève du 24 juin, lorsque les syndicats avaient comptabilisé 2 millions de manifestants. « Conscient des difficultés de calendrier », puisque beaucoup de salariés ne reprennent le travail que cette semaine, il base son optimisme sur l’unité retrouvée des syndicats, qui avait fait défaut en juin lorsque FO avait fait manif à part.

Récusant un projet de loi qui ne viserait qu’à « faire des économies » sur les pensions il a appelé à trouver d’autres sources de financement, évoquant « l’intéressement, la participation, les stock-options ». « La cour des comptes évaluait à 10 milliards le manque à gagner pour notre protection sociale », a-t-il affirmé. 20 autres milliards doivent provenir des « revenus financiers des entreprises dont la part dans [les] profits ne cesse d’augmenter ». Ironisant sur les efforts du gouvernement de faire oublier le sujet pendant les vacances, il a raillé : « Même la coupe du monde de foot devait être mise à contribution pour servir de dérivatif. [...] Pour ce qui concerne le parcours des Bleus, là aussi c’est la grève qui a fait l’actualité. » Avant de prévenir : « pour ce qui est des grèves, à la CGT on n’est pas des bleus. »

Se félicitant des 642 171 signatures qu’une pétition de la CGT contre la réforme des retraites avait recueilli, il a fustigé le projet comme « l’un des plus durs d’Europe ». Selon lui, « le niveau de pensions est en France en moyenne de 54%, contre 72% dans les 30 pays de l’OCDE et 74% en Europe. » En cause, la durée minimale de cotisation exigée, soit 41,5 annuités en France, alors qu’elle est « de 30 ans en Grande Bretagne, de 35 en Allemagne, en Espagne et en Belgique, et de 37 en Autriche ».

Promettant que « la CGT saura avoir de la suite dans les idées et dans les initiatives », il a d’ores et déjà annoncé une réunion intersyndicale au lendemain de la journée nationale de grèves du 7 et une manifestation européenne le 29 septembre.

Publié le : mercredi 1er septembre 2010, par Michael Augustin