Manifestation pour la retraite

Lycéens : la mobilisation continue, les casseurs aussi

Le troisième jours de mobilisation des lycéens a été marqué par une nouvelle montée de la participation... et des violences. Selon le comptage de la préfecture, 2000 lycéens s’étaient rassemblés dans les rues de Lyon en cortèges improvisés et dispersés entre la Presqu’île (1500) et les 7ème et 8ème arrondissements. Ces mouvements ont donné lieu à de nouveaux incidents et dégradations. 5 véhicules ont été incendiés à Lyon et 2 à Vénissieux, et 4 véhicules renversés à Lyon et 1 à Caluire. La police a procédé à 28 interpellations. Dans l’après-midi, un défilé de 1400 personnes rassemblant des cheminots, lycéens et étudiants s’est déroulé dans la calme entre Bellecour et Jean-Macé, mais a dégénéré au moment de la dispersion du cortège.

Partis en petits groupes depuis les 7ème et 8ème arrondissements de Lyon, les lycéens se sont retrouvés vers 11h place Bellecour dans le centre-ville. Des établissements qui n’étaient jusqu’alors pas mobilisés, comme la Cité scolaire internationale (Gerland) et le lycée Saint-Exupéry (Lyon 4ème), avaient rejoint la contestation. De Bellecour, les lycéens ont rallié les Terreaux en passant devant le lycée Ampère, avant de se rendre en cortège jusqu’au lycée Diderot de la Croix-Rousse, puis de redescendre en centre ville. De nombreuses dégradations de vitrines, de voitures et de mobilier urbain ont été commises sur leur passage. Des voitures ont été retournées ou incendiées, dont une Kangoo de la Poste rue Puits-Gaillot, le long de l’Hôtel de Ville et une Smart rue Grôlée. Dans le même quartier, la vitrine d’un Picard a été brisée, tout comme une vitre du grand magasin Printemps.

Vers 12h, jeunes et CRS se font face à Cordeliers. Des manifestants jettent des pierres sur les forces de l’ordre qui répondent par des tirs de grenades lacrymogènes. Ici pas de banderoles, ni de revendications. Si en fin de semaine dernière quelques slogans contre les retraites étaient scandés, ce lundi on entendait uniquement « Sarko, Sarko, on t’encule ». Une heure plus tard, le mouvement s’essouffle et les jeunes se dispersent dans les rues alentours.

A 14h, quelque 1000 lycéens et étudiants avaient rendez-vous à Bellecour avec environ 400 salariés, notamment des cheminots et enseignants. Parmi eux, Eric Lahy professeur au lycée La Martinière de Monplaisir. Dans son établissement, comme dans beaucoup d’autres, une assemblée générale avait rassemblé à la mi-journée des centaines de lycéens. « Je les ai trouvé d’une étonnante lucidité », affirme ce prof de physique. "Ils sont inquiets pour leur avenir, à cause de cette société de plus en plus dure dans laquelle ils vivent." Et de conclure : « j’espère que le mouvement s’amplifiera. »

Solidement encadré par les services d’ordre des syndicats, le cortège, au-dessus duquel flottait de nombreux drapeaux syndicaux, se dirigeait dans le calme vers Jean Macé. C’est à la fin de la manifestation que la situation a de nouveau dégénéré. Des altercations ont opposé quelques jeunes et des cheminots qui procédaient à la dispersion du cortège. Des jeunes ont ensuite fait face aux forces de police. Deux abribus ont été dégradés autour de la place.

Blocages et pénuries

Une centaine de cheminots, fumigènes en main, ont occupé les voies C et D de la gare face à des usagers médusés. Une mobilisation qui a logiquement paralysé le trafic ferroviaire lyonnais, provoquant jusqu’à deux heures de retard pour certains trains.

Tôt le matin, une trentaine de routiers avaient bloqué pendant plus de deux heures le dépôt de carburant de Saint-Priest. Puis, la raffinerie de Feyzin, qui fournit 70% du carburant de la région Rhône-Alpes, est toujours à l’arrêt. Résultat : lundi matin, plus d’un millier de stations-service étaient en rupture de stock de carburant.

En fin d’après-midi, cheminots et routiers ont mené une opération escargot sur l’A7 entre Solaize et le tunnel de Fourvière. Des kilomètres de bouchons se sont formés dans les deux sens de circulation.

Plus de photos sur www.facebook.com/lyoninfo.

Publié le : lundi 18 octobre 2010, par Michael Augustin