18 classes n’ont pas de maitresse

Faute de prof, élue et parents se relaient à Vénissieux

Ils ont eu une drôle de maîtresse ce mardi matin, les élèves en grande section de l’école Jean Moulin de Vénissieux. L’enseignante en charge de la classe étant partie en congé de maternité depuis une bonne semaine sans être remplacée, c’est Michèle Picard, la maire de la commune qui est venue faire classe. Une manière pour l’élue de dénoncer les suppressions de postes dans l’Éducation nationale et le manque d’effectifs dans l’Académie de Lyon.

Neuf jours sans maîtresse et pas d’amélioration en vue. La situation a de quoi désespérer les parents. « Un congé de maternité ça se prévoit. Cela faisait quand même 7 mois qu’elle était enceinte », s’insurge Leïla, maman d’un petit Anis (5 ans). Et l’école Jean Moulin n’est pas un cas isolé. 18 classes sont actuellement sans enseignants à Vénissieux. 13 écoles sont concernées sur la 40ène que compte la ville. En janvier, 300 remplacements n’étaient pas assurés dans l’Académie de Lyon. « C’est un problème récurrent mais qui s’est amplifié cette année », s’indigne la mairesse. « 40 000 postes d’enseignants ont été supprimés depuis 2007. Mais le pire est encore devant nous. » « On soustrait encore 20 postes en 2011 dans le département, pour 1700 élèves de plus. Il n’y a pas un brin d’espoir », se résigne Fabienne Loreau, secrétaire départementale du syndicat enseignant Snuipp, citée par 20 Minutes.

A l’école Jean Moulin, les parents s’organisent. Ils s’inscrivent sur un tableau installé dans le couloir, et assurent les cours à tour de rôle. « C’est une garderie. On n’a pas les compétences pour leur apprendre quoi que ce soit », relativise Leïla. Ce mardi matin, ils sont 3 inscrits, en comptant Michèle Picard. L’élue s’était ajoutée la veille, alors qu’elle était venue soutenir un rassemblement de parents d’élèves.

Au programme ce matin, alors que journalistes, photographes et caméras avaient envahis la salle de classe : lecture d’un compte de dragons. « C’est la dernière année de maternelle. Ils doivent préparer la lecture et l’écriture », s’inquiète la maman d’Anis, également de service ce matin. « Ils vont arriver en CP avec un retard considérable. » Son seul espoir : « A l’Académie, ils n’aiment pas que les parents s’en mêlent. On espère que ça va bouger les choses. »

Elle semblait avoir été entendue. En fin de matinée, l’Académie annonçait l’arrivée d’un mi-temps (lundi et jeudi) jusqu’aux vacances et d’un remplaçant à temps complet à la rentrée de mars.

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Publié le : mardi 15 février 2011, par Michael Augustin