Farid, première question : un petit point santé ?
Farid Benstiti : Excepté l’absence de Lotta Schelin, on part avec une équipe au complet. On va pallier son absence avec Elodie Thomis. On part pour Getafe à 23 joueuses, 22 joueuses aptes plus Lotta.
Shirley, Louisa, vous allez évoluer dans un stade plein. C’est plutôt un avantage ou un désavantage ?
Shirley Cruz : C’est toujours un avantage de jouer dans un stade plein. Ce sera différent des autres matchs, ça nous donne une motivation supplémentaire.
Louisa Necib : Oui, l’ambiance va nous stimuler.
Parlons du parcours lyonnais. J’imagine que cette finale, c’est un peu le match de votre vie, non ?
L.N. : Oui, c’est quelque chose d’historique, qui va rester. On est très contentes d’aller en finale, après avoir échoué deux fois en demies-finales (en 2008 et 2009, ndlr).
S.C. : Personnellement, c’est le match le plus important de ma carrière. Je pense qu’il y aura beaucoup de pression le soir du match, et heureusement d’ailleurs, le contraire serait anormal. Mais pour l’instant ça va, je ne la ressens pas encore.
F.B. : C’est une finale que l’on attendait. C’est mérité sur l’ensemble de la saison, les filles ont été de mieux en mieux dans la compétition, même en demies où elles ont dominé Uméa, malgré le score serré qui ne reflète pas la domination de l’OL. L’année dernière, j’étais davantage confiant et on s’était fait avoir par Duisbourg, une équipe de contre. Cette année on part avec beaucoup d’humilité et on veut la gagner. De ce que j’ai vu à l’entraînement, les filles sont déjà dans leur match.
On parlait des deux échecs consécutifs en demi-finale. Qu’est-ce qui a changé cette saison à l’OL, qu’est-ce qui vous a permis d’atteindre enfin la finale ?
F.B. : J’ai vraiment l’impression que le groupe a grandi. L’année dernière on a été naïfs face à Duisbourg, on a été déconcentrés sur les repositionnements et surtout on a trop joué alors qu’on avait le match en main (les Lyonnaises menaient 2-1 à la mi-temps mais n’ont pas su défendre collectivement et se sont finalement inclinées 2-3, ndlr).
L.N. : On sait ce que l’on a fait comme erreurs la saison dernière. On n’a pas toujours eu l’occasion de rencontrer de grosses équipes, donc on était défaillantes au niveau de l’expérience européenne. Cette saison, l’équipe est plus solidaire.
Parlons maintenant de l’adversaire des Lyonnaises, Postdam : cette équipe vous fait-elle peur ?
S.C. : Non, il ne faut pas avoir peur, il faut y aller sans peurs, sans craintes. Postdam a plus d’expérience au niveau européen mais c’est une équipe jeune aussi.
Quelles sont les qualités de cette équipe ?
L.N. : Elles sont physiques, un peu comme les norvégiennes.
F.B. : C’est une équipe qui défend bien, qui, dès qu’elle perd le ballon, se retrouve immédiatement à sept derrière (cinq défenseurs et deux milieux défensifs). Offensivement, elles ont vraiment trois, quatre joueuses très difficiles à prendre.
S.C. : Comme toutes les équipes allemandes, elle est très complète.
Justement, avez vous élaboré un "plan anti-Postdam" ?
F.B. : Oui, mais sincèrement je les connais bien, offensivement et défensivement c’est très costaud. L’idée, c’est d’être bien en bloc, bien en place, très rigoureux et de savoir être patient. C’est une équipe jeune qui peut se démobiliser, on peut la déstabiliser sur la longueur.
L’OL part-il plutôt favori ou outsider dans cette rencontre ?
F.B. : Plutôt outsider. Ça va être compliqué quand même. C’est un adversaire qui est un ton au-dessus. De toute façon, clairement, sur l’ensemble de la compétition, les deux meilleures équipes sont en finale.
L.N. : Après, c’est du 50/50 sur la finale. Chaque match est différent, on est très motivées et on a des qualités à faire valoir.
Des qualités à faire valoir aussi parce qu’il y a l’enjeu de la reconnaissance...
F.B. : Oui, c’est quelque chose qui me tient à cœur parce que l’on se bat à longueur de journée contre des idées reçues. Mais une reconnaissance d’abord pour les joueuses, moi je n’en ai pas spécialement besoin...
S.C. : On n’a pas forcément un besoin de reconnaissance. Ces derniers mois, l’ensemble du groupe est très reconnaissant surtout du travail de Jean-Michel Aulas. C’est quelqu’un qui nous soutient et qui, dès qu’il commence quelque chose, va jusqu’au bout.
Farid, dernière question : d’un point de vue personnel, quel regard portez-vous sur vos 10 ans à la tête de l’équipe féminine de l’OL ?
F.B. : On a vraiment eu une progression sur les différentes saisons. J’ai essayé d’y contribuer, en multipliant le nombre d’entraînements par exemple. On est passé d’un niveau amateur à un niveau professionnel, maintenant les filles viennent pour quatre, cinq, six entraînements par semaine. On a un réel potentiel avec cette équipe. Ce dont je suis très content, c’est que chaque saison, il s’est passé quelque chose de bien.
Gageons qu’il se passe encore quelque chose de bien jeudi soir. Avec un sacre européen des féminines, Jean-Michel Aulas pourrait alors clairement répéter que cette saison est « la meilleure de toute l’histoire de l’Olympique Lyonnais ».