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Accueil > Culture > Faust à l’Opéra de Lyon : « Madame, on préfère le théâtre »
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Une mise en scène à faire fuir les jeunes

Faust à l’Opéra de Lyon : « Madame, on préfère le théâtre »

L’Opéra de Lyon multiplie les initiatives en vue de s’ouvrir à de nouveaux publics, et notamment aux jeunes. Avec quel succès ? Florence Leray, journaliste mais également enseignante en philosophie a mené l’essai pour Lyon Info. Le résultat de l’expérience laisse songeur. Voici son récit.

Passionnée d’opéra, j’ai amené quatre de mes élèves de Terminale L voir La Damnation de Faust de Berlioz, une pièce à priori en relation avec le thème du désir que nous traitons actuellement en cours. Il s’agissait d’une première pour toutes les quatre. Je ne les avais volontairement pas préparées à ce qu’elles allaient voir et entendre. A peine leur avais-je brièvement raconté l’histoire du Faust de Goethe, sans toutefois leur révéler la fin.

Autant le dire tout de suite, mon opération commando d’initiation à l’opéra auprès de mes quatre élèves, pourtant a priori ravies et de bonne volonté, a échoué lamentablement. « Madame, nous préférons le théâtre », m’ont-elles avoué à l’issue de la représentation, avec un ravissant sourire. Explications.

Une mise en scène décousue et déroutante

De fait, l’histoire du docteur Faust est pour le moins longue à démarrer. Le spectacle commence avec des enfants embrigadés dans une pseudo dictature soviéto-communiste. Pour tout décor, une route en ruine coupée en deux et un véritable cheval – étonnement calme - broutant de l’herbe. Une mise en scène pour le moins déroutante. « On n’a pas tout compris », fut la réaction – logique – de mes élèves.

Quelle était donc l’intention du metteur en scène David Marton avec une telle ouverture ? Il donne un indice en ajoutant plusieurs fois au texte du livret de Berlioz le mot « Turquie ». Un clin d’œil à l’actualité sans doute…

Certes, il y a bien une référence guerrière dans le livret de Berlioz - « les fils du Danube au combat se préparent » -, mais il s’agit là plus d’un prétexte de la part du compositeur pour introduire sa fameuse marche hongroise. Marche vers la gloire à laquelle Faust semble d’ailleurs peu sensible : « Tout cœur frémit à leur chant de victoire ; Le mien seul reste froid, insensible à la gloire. », peut-on ainsi y lire.

« J’ai bien aimé la musique et les voix »

Tout ne semble cependant pas à jeter dans cet opéra. Mes élèves ont ainsi particulièrement apprécié la voix de Faust (Charles Workman), celle de Marguerite (Kate Aldrich) ainsi que la musique de Berlioz jouée par l’orchestre de l’Opéra de Lyon et dirigée d’une main de maître par Kazushi Ono. Preuve, s’il en est, qu’une oreille non préparée à l’opéra est capable d’en apprécier les beautés.

De mon côté j’ai préféré la voix chaude de Laurent Naouri (Méphistophélès), son sens du comique et son jeu de comédien. J’ai également été très sensible à la puissance et à l’harmonie des Chœurs de l’Opéra de Lyon.

Au final, on peut regretter que le metteur en scène n’ait pas choisi de donner plus de sens au livret de Berlioz, déjà fragmentaire et très éloigné du roman de Goethe. Certains tableaux ont été cependant convaincants, comme l’utilisation de la caméra en direct sur scène et à la fin du spectacle, lorsque Méphistophélès quitte l’Opéra de Lyon aux couleurs infernales –rouges et noires – pour se perdre dans la nuit lyonnaise, à la recherche d’autres victimes. Une technologie qui n’a pas déplu aux élèves. Comme quoi, ils ne sont pas rétifs à une adaptation moderne. Tout est affaire de dosage…

Info : La Damnation de Faust à l’Opéra de Lyon, jusqu’au 22 octobre 2015.

Photo : Opéra de Lyon

Publié le : jeudi 22 octobre 2015, par Florence Leray

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2 commentaires pour cet article


  • "Je ne les avais volontairement pas préparées à ce qu’elles allaient voir et entendre" : c’est vraiment affligeant

  • Réponse à "Philippe" : Pourquoi "affligeant" ? Je trouve au contraire cette expérience très intéressante. Ces jeunes filles n’ont pas eu besoin d’être "préparées" pour apprécier la beauté des voix et de l’orchestre. Ce qui est plutôt affligeant, c’est le snobisme de ces nouvelles mises en scène qui, à force de se vouloir "modernes" et "conceptuelles", n’ont plus aucun sens.

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