« Ce n’est pas une exposition d’art et design », précise toutefois Christian Sermet. Cette exposition vise au contraire à révéler les liens constants qui existent entre les machines et les arts plastiques. Des œuvres picturales réalisées par Bonhommé, Monet ou Léger côtoient ici des objets d’art et de rêves imaginés par Duchamp, César et Burden sans oublier l’art brut d’ACM ou encore le cinéma de Vertov, Scorsese et… des Frères Lumière. Ces œuvres dialoguent entre elles et côtoient des hélices, roues, moteurs, magnétos électriques ou encore des machines à vapeur. Le regard du public oscille ainsi à chaque instant entre l’esthétique mécanique et son interprétation artistique. A l’instar de la D.S. de Gabriel Orozco (photo), devenue œuvre d’art.
Le parcours est divisé en quatre parties, abordant autant d’aspects de l’impact de la machine sur les arts plastiques, mais aussi sur la société. « Nous avons voulu construire un parcours plutôt qu’un espace », souligne Etienne Lefrançois, scénographe de l’agence e-deux, en charge du projet. Afin de donner au spectateur « l’envie d’aller plus loin que ce que montre l’objet ».
L’exposition s’ouvre avec « la fascination de la machine » qui révèle comment, au début de la révolution industrielle, la machine a pu bouleverser la société. « C’est fini la peinture. Qui ferait mieux que cette hélice ? », s’est écrié Marchel Duchamp en 1912 quand il visitait la 4ème exposition de la Locomotion aérienne. Dès l’année suivante, il commença à intégrer des objets mécaniques dans ses œuvres, à l’instar de sa Roue de bicyclette exposée dans la deuxième salle.
Mais la machine a également été la muse des peintres. Claude Monet fait l’éloge des premières locomotives dans ses fameuses représentations d’entrée de train en gare. Celle d’Argenteuil est proposée ici aux côtés d’autres œuvres illustrant ce même enthousiasme pour cette machine nouvelle.
La troisième partie, elle, est consacrée aux arts cinématographiques, dont Lyon s’attribue la paternité. Dans une arrière salle le visiteur peut découvrir plusieurs daguerréotypes, cet ancêtre de l’appareil photo. Mais aussi des cameras obscuras, retraçant ainsi l’évolution du 7ème art.
Juste à côté, des chefs d’œuvre cinématographiques, d’Hugo Cabret à 2001 l’Odyssée de l’espace en passant par Moderns Times de Charlie Chaplin sont projetés sur de larges pans de verre érigés dans la pénombre d’un cinéma improvisé. « C’est un dialogue entre le champ technique et le champ artistique », note Etienne Lefrançois d’e-deux.
L’exposition se conclue avec une sélection d’œuvres contemporaines. On découvre alors une machine rêvée, idéalisée, imaginée. Elle est déconstruite et remontée, dans un sens puis dans un autre, à l’instar de l’œuvre de Tinguely, Méta-Maxi, exposée pour la première fois en France et mise en marche exceptionnellement pour l’exposition. Mais la création internationale n’est pas en reste. L’artiste chinois Ai Wei Wei répond à la fameuse Roue de bicyclette de Duchamp avec son œuvre Very Yao. Le plasticien Bertrand Lavier a, lui, choisi d’accidenter la célèbre Giulietta, et de montrer peut-être à sa façon, les limites du monstre mécanique omniprésent dans notre quotidien.
Info : Musée des Confluences, jusqu’au 24 janvier 2016