« On sait que les chances sont infimes, mais on veut y croire. On est les derniers de la légion », déclare Romain Blachier, adjoint au Maire du 7ème arrondissement. Ils sont une quarantaine, dans le Rhône, à soutenir encore l’ancien favori des sondages, soit moitié moins qu’avant les évènements de New York. Même si l’audience de DSK est reportée au 1er août, Romain Blachier et ses camarades pensent encore qu’il peut revenir et en appellent aux ténors socialistes : « si le 1er août, il est innocenté et qu’il souhaite participer aux primaires, il faut qu’il le puisse », souligne l’élu.
Strauss-kahnien depuis une dizaine d’années, il défend coûte que coûte son chouchou. « C’est un internationaliste, un européen convaincu. Il s’intéresse à l’entreprise et il arrive à avoir de l’audience même chez les moins réceptifs au PS ». Le 6 juillet dernier, Romain Blachier a ainsi lancé un appel à la candidature de DSK aux primaires s’adressant à tous, membres du PS ou non. La moitié des lieutenants rhodaniens de DSK ont paraphé l’appel, même si une grande partie des anciens soutiens ont depuis rejoint les listes de soutien à Martine Aubry ou François Hollande. Parmi les signataires on trouve Sarah Peillon ou encore la centriste Anne-Sophie Condemine. « Des militants avec une histoire commune », explique Romain Blachier. Et peu importe si peu de grands élus composent encore le clan DSK.
Bien qu’espérant encore le retour sur scène de son champion, Romain Blachier reste attentif aux autres candidats. Le pacte de Marrakech, jadis conclu entre Strauss-Kahn et Martine Aubry serait à double tranchant pour la première secrétaire du Parti socialiste, selon lui. D’un côté, l’alliance traduit une certaine proximité de vues entre les deux personnalités, mais de l’autre, elle fait apparaître la maire de Lille comme « une candidate de deuxième choix », s’inquiète l’élu du 7ème qui lui reproche aussi d’être trop à gauche du Parti. Il lui reconnaît cependant des qualités pro-européennes et apprécie ses propositions sur l’entreprise, du fait de son expérience en tant qu’ancienne cadre dirigeante d’une société. A Lyon, Martine Aubry s’est assurée le soutien d’anciennes strauss-kahniennes comme Cécile Michaux ou Farida Boudaoud. « Certains ont longtemps été traités de droitiers. Opter pour Aubry était une façon de se libérer de cette étiquette », explique Romain Blachier.
D’autres soutiens lyonnais de DSK se sont entre-temps rabattus sur François Hollande comme Gérard Collomb ou Sarah Peillon. Une démarche qui ne séduit pas plus non plus l’élu du 7ème, qui reproche à l’ex-premier secrétaire du parti de manquer de courage et lui impute le mauvais état du PS à son départ de la direction. « Pour l’instant, il ne m’enthousiasme pas », résume-t-il.
Si Romain Blachier n’a pas encore décidé de se rallier à tel ou tel candidat, il n’exclut pas d’avoir « une étincelle » pour un autre prétendant au cours de la campagne, « ce qui ne m’empêche pas de soutenir DSK. » Rien n’est encore joué au sein du parti, veut croire ce militant de longue date. « Il y a une sorte de ventre mou au PS, de transhumance idéologique. Certains changent de candidat à chaque élection en fonction de celui qui a la plus grande chance de l’emporter. » Sans toutefois préciser si, en disant cela, il pense à Gérard Collomb, ségoléniste en 2007, puis strauss-kahnien, avant d’appeler maintenant à voter pour François Hollande.