Né le 11 janvier 1944 à Décines, originaire d’une famille ouvrière, Guy Fischer s’est installé à Vénissieux en 1967, où il a fait toute sa carrière politique. D’abord instituteur sur le plateau des Minguettes, le jeune communiste (il a pris la carte du parti à 19 ans) entre au conseil municipal en 1977. Le maire de l’époque Marcel Houël le prend sous son aile et le nomme premier adjoint.
Quatre ans plus tard éclate le premier été chaud des Minguettes avec son lot d’actes de délinquances et de rodéos nocturnes. Guy Fischer sera l’un des rares élus à garder le lien avec ces jeunes qu’il connaissait bien, tandis que le maire vivait cette révolte comme un affront. Deux ans plus tard quand la Marche des beurs fait escale à Vénissieux, il sera le seul élu à accueillir la quarantaine de marcheurs à l’église des Minguettes avant de les rejoindre à Paris pour la grande manifestation finale.
Un engagement qui lui aurait coûté la mairie de Vénissieux, poste auquel le premier adjoint était pourtant prédestiné. A la mort de Marcel Houël en 1985, c’est en effet André Gerin que le parti communiste choisit pour diriger la ville. « Le lendemain du jour où on élit André Gerin maire, j’ai continué comme si de rien n’était. Pendant dix ans, chacun a joué sa partition à sa manière mais nous avons mis au-dessus de tout les intérêts de la ville et des Vénissians », s’est souvenu l’élu dans les colonnes d’Expressions Vénissieux. « Lorsque je suis devenu maire en octobre 1985, la loyauté de Guy Fischer n’a pas failli », reconnait en effet André Gerin.
La carrière politique du jeune instituteur ne s’arrête pas pour autant. Déjà conseiller à la communauté urbaine (1977-1996) et conseiller général de Vénissieux (1982-2008), Guy Fischer est élu conseiller régional (1986-1988), avant de conduire en 1995 une liste « progressiste et républicaine » aux sénatoriales dans le Rhône. Il obtient 11,08% des voix et entre au Sénat. Réélu en 2004, il aura passé 19 ans sur les bancs de la chambre haute où il se voyait d’abord confier la vice-présidence de la commission des Affaires sociales, avant d’accéder en 2001 à la vice-présidence du Sénat.
Atteint d’un cancer depuis l’été 2011, il renonce à se représenter en 2014, se contentant d’une symbolique dernière place sur la liste conduite par le maire de Givors, Martial Passi. Mais sans renoncer au combat politique. Il co-préside ainsi, aux côtés d’André Gerin, le comité de soutien de la maire actuelle de Vénissieux Michèle Picard aux législatives de 2012 et municipales de 2014.
Une implication qui « témoigne de son engagement au service de l’intérêt général et de la chose publique », selon André Gerin, premier à lui rendre hommage dès samedi soir. « L’honneur de la République, c’est d’avoir en son sein des hommes de cette trempe qui n’ont qu’un seul but, celui de servir les autres, en aucun cas celui de se servir. Il avait assurément une haute idée de l’éthique politique. »
L’avant-veille de son décès, le Journal officiel annone que Guy Fischer est fait chevalier de la Légion d’honneur, avec effet du 24 octobre 2014. Un mois plus tôt, il avait assumé son dernier acté d’élu en allant voter aux sénatoriales, malgré la fatigue. « Bien sûr. Il le fallait. Vous m’imaginez, moi, ne pas aller voter ? », s’était-il alors écrié dans les colonnes d’Expressions Vénissieux.