On pensait que la trêve internationale permettrait à l’OL de se remettre dans le droit chemin et de retrouver une dynamique victorieuse : il n’en est rien. Certes, pendant près d’une heure, les Lyonnais ont montré leur meilleur visage de la saison, dynamiques, entreprenants, collectifs. Mais comme la saison dernière, la formation de Claude Puel a manqué de régularité et l’a payé au prix fort, avec une égalisation nordiste douloureuse.
Peu avant la demi-heure de jeu, Jérémy Pied avait conclu une magnifique action collective, à la réception de la tête d’un centre de Briand après un bon décallage de Gourcuff. Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes, l’OL dominait le match et se créait des occasions de but, notamment par Lisandro (41’), titularisé d’entrée de jeu. « On fait une bonne première mi-temps où l’on ne concède aucune occasion. On ne se sentait pas en difficulté », avoue Jérémy Pied, le buteur rhodanien, appuyé par Gourcuff : « Nous n’avons pas été si mal dans le jeu, mais on sait qu’en football, à 1-0, on n’est jamais à la merci d’un contre ou d’un coup de pied arrêté ». Et c’est effectivement sur coup de pied arrêté, plus précisément sur corner, que Gaëtan Bong s’envolait plus haut que tout le monde pour tromper Lloris à la soixante-neuvième minute de jeu, « contre le cours du jeu » selon Jean-Michel Aulas. N’en déplaise au président lyonnais, l’égalisation nordiste était méritée mais surtout inévitable, tant Lyon est apparu fatigué au retour des vestiaires.
« En seconde période, cela a été un peu plus difficile. Nous avons eu un peu plus de déchet dans notre jeu. Nous nous sommes un peu éparpillés avec des espaces entre nos lignes. Cela demandait beaucoup de courses », analyse Yoann Gourcuff qui, depuis qu’il est arrivé à Lyon, n’a toujours pas connu la victoire. Associé à Toulalan, revenu au milieu de terrain devant la charnière centrale Lovren-Diakhaté, l’ancien Bordelais était tout proche d’inscrire son premier but avec les Gones, mais Penneteau réalisait la parade parfaite face à la frappe au sol du Breton (55’). Gourcuff voyait ensuite sa frappe contrée par le solide bloc de VA (79’). Claude Puel injectait du sang neuf avec les entrées de Bastos, Gomis et Pjanic en lieu et place de Lisandro, Briand et Gonalons, mais rien ne changeait vraiment : la dynamique était brisée, et l’OL redevenait l’équipe fébrile et crispée de la saison dernière.
Sous les yeux de Fleury Di Nallo, mythique attaquant lyonnais des années 60, l’OL de 2010 faisait preuve d’un manque de réalisme offensif criant. Michel Bastos, de retour de blessure, ne cadrait pas son tir puissant, seul face aux buts (90+4’). Comme contre Monaco lors du premier match de la saison, Lyon a eu l’opportunité de l’emporter dans les derniers instants. Et ne l’a pas fait. Néanmoins, Gourcuff, « déçu », se veut résolument optimiste, conscient que son équipe a « eu des situations pour inscrire d’autres buts. Il faut mieux gérer nos temps faibles et nos temps forts. (...) Il y a eu des choses intéressantes ». Même son de cloche du côté de Jean-Michel Aulas, persuadé que l’OL possède « une marge de progression qui est immense ». De son côté, Jérémy Toulalan trouve ce résultat nul « inquiétant ». « Il faut vite se reprendre car des gros matches à Bordeaux et contre Saint-Etienne arrivent vite. Quand on est Lyon, il faut marquer plus de points, c’est une évidence. On est au pied du mur. Cela va être dur jusqu’à fin septembre ».
L’OL espère donc rapidement tourner la page de cette nouvelle désillusion nationale. Il n’a pas vraiment le temps de cicatriser que déjà l’Europe se présente aux portes de Gerland, ce mardi, avec la réception des Allemands de Schalke 04 pour la première journée de la Ligue des Champions. Il faudra répondre présent, et ne pas faillir. Vient alors le temps des suppositions et des espérances diverses. Et si le parfum européen redonnait une âme au club de Jean-Michel Aulas ?
La révélation Pied
Il se souviendra longtemps de son match contre Valenciennes, même si son but de la tête à la vingt-sixième minute de jeu n’aura pas permis à sa formation de s’imposer : Jérémy Pied a été éblouissant face aux Nordistes. Titularisé pour la première fois de sa carrière avec l’OL (il a été prêté à Metz en 2009-2010), le Grenoblois de naissance a rapidement fait taire les plus sceptiques, combinant vitesse, précision et efficacité. Ailier droit de nature, le jeune joueur a répondu aux besoins du collectif, s’activant sur l’aile gauche et apportant une solution crédible à l’animation offensive. Illustration dès la neuvième minute de jeu, au cours de laquelle Pied dribblait deux Valenciennois sur son côté gauche avant d’obtenir un corner. Tout au long de la première mi-temps, il a réalisé un petit festival, démontrant ses qualités techniques (dribbles, contrôles), tactiques (permutations avec Briand, belle vision du jeu), physiques (courses, pressing) et mentales (prise de risque, culot). A l’heure de jeu, l’ailier droit s’essayait même à la frappe, sans parvenir à cadrer. Très intéressant, le Lyonnais a clairement été l’un des artisans de la bonne prestation d’ensemble de l’OL.
La démission de Claude Puel réclamée, Aulas s’énerve
Dès la fin du match, une grosse partie du public de Gerland a entonné les maintenant traditionnels « Puel Démission », une chasse à l’homme que Jean-Michel Aulas ne digère pas. « Le public a tort de faire porter la responsabilité à Claude Puel. C’est un manque d’objectivité et une solution de facilité. On vient d’investir beaucoup, on a besoin de collectif, d’une équipe, de joueurs qui sont au top, il faut un peu de patience ». Clairement agacé par le désamour du public lyonnais pour son entraîneur, le Président de l’OL s’est avoué « un peu vexé de la réaction du public », expliquant que « ce n’est pas faire preuve de réalisme. Ça veut dire quoi les "Puel Démission" ? Vous imaginez un instant que sous la pression, on va changer les plans qui ont été établis et sont pour l’instant les bons plans ». Jean-Michel Aulas a terminé son argumentaire par le bilan à l’heure actuelle de Claude Puel avec l’OL : « Depuis deux ans, on a fait troisième et deuxième du championnat, demi-finaliste de la Ligue des Champions, donc il n’y a pas de problème ». Reste que cette troisième saison doit être couronnée d’au moins un titre, et qu’à la vue de ce début de saison Lyon est bien loin de porter son costume de favori dans le champion français.