Le mercredi à dix-huit heures au stade des Channées, les 4 équipes de poussins (9 à 10 ans) s’entraînent sur une moitié du terrain synthétique avec leurs éducateurs bénévoles. L’ambiance est emplie de cris enfantins au milieu desquels s’élèvent les consignes des entraîneurs. A moins de deux kilomètres d’ici se trouve Tola Vologe et le stade de Gerland, camp de base du septuple champion de France, l’Olympique Lyonnais.
« L’OL, c’est à eux, c’est leur club, c’est l’idole de ces gamins », clame Denis Giovannone, le président du FC Gerland. L’affirmation sonne comme une évidence. Assis devant son bureau dans le petit local du club, il vide son sac : « c’est nous qui formons les jeunes. Pourtant, on ne touche rien, ni de l’État, ni de la Fédé (la Fédération Française de Football, ndlr). C’est entièrement du bénévolat, tandis que les professionnels, eux, sont surpayés », se plaint-il. « L’OL non plus ne nous donne rien. Ils ne vivent que pour leur paroisse »
« Les recruteurs de l’OL ne viennent plus »
Les liens entre les 2 clubs semblent aujourd’hui bien distendus. « Ils n’envoient plus de recruteurs en observation comme il y a 10 ans. Maintenant c’est nous qui les appelons quand nous avons un bon joueur ». Voir un de ses jeunes se faire recruter par un grand club reste la fierté du président :« L’année dernière, on avait une perle qui est allée à Barcelone », dit-il en montrant sur son ordinateur la photo d’un gamin. La perle s’appelle Atil Kaïs. Âgé de seulement 7 ans, il a rejoint cette saison le centre de formation du grand Barça. Une nouvelle qui avait fait le tour des grands médias nationaux.
Pas le même amour du football
« Bombarder les joueurs dans le club phare est notre objectif », confirme Pierre, éducateur au FC Gerland depuis 20 ans. « Ma grande fierté est d’avoir entraîné Bruce N’Dala. Il avait 9 ans quand il a signé à l’OL ». Aujourd’hui, son petit protégé en a 21 et joue à Romorantin en National.
Quant au grand voisin Pierre partage les propos de son président : « Nous ne sommes pas très proche de l’OL. Jamais mes petits ne sont invités aux matches à Gerland pour faire ramasseurs de balles. Ils s’adressent aux autres clubs de quartiers, mais pas à nous. Pour obtenir une visite du stade, c’est quasiment mission impossible ».
« L’OL ne flambe plus depuis trois ans », reprend le président Giovannone. « C’est normal avec les salaires qu’ils paient. On monte les joueurs au ciel. Prenez le cas de Benzema, c’est soi-disant un super avant-centre. Mais qu’est-ce qu’il fait à Madrid ? Les joueurs se croient tout permis et ne respectent pas l’image du football ». De la main il désigne le terrain d’entraînement : « Venez voir jouer les petits débutants. Ça c’est le football. Ils jouent sans argent, mouillent le maillot et quand ils perdent, ils pleurent ».