Il y avait honnêtement des raisons d’appréhender cet Olympico du côté de Lyon, qui a dû aligner un collectif inexpérimenté et en rodage (absences de Toulalan, Cissokho, Bastos, Ederson et Gourcuff). Quatrièmes au coup d’envoi, les Gones accueillaient la meilleure équipe de l’hexagone à l’extérieur, restée sur cinq victoires de rang hors de ses bases. Et puis il y avait cette statistique : l’OM invaincu à Gerland depuis 2006. Ainsi, entre une équipe lyonnaise désolidarisée et au fond du trou à Toulouse, la semaine dernière (défaite 2-0), et une formation marseillaise soudée qui produit du jeu sous l’impulsion des frères Ayew, en forme, l’appréhension était fondée.
La main invisible d’Ayew
Le début de rencontre commençait idéalement pour l’OL, avec un stade comble, des supporters derrière leurs joueurs et un Delgado qui, dès la quatrième minute de jeu, décrochait une énorme frappe des vingt mètres que Mandanda déviait en corner. Pourtant, au fil des minutes, c’est l’OM qui allait prendre l’ascendant, doucement, calmement, et imposer son jeu. L’OL tentait de répondre à la domination phocéenne par une agressivité de tous les instants, mais cela n’empêchait pas l’ancien lyonnais Loïc Rémy, revanchard, de tromper Lloris après une remise de la poitrine d’Ayew (11’). Un but dès le premier quart d’heure, étonnamment refusé par l’arbitre M. Lannoy, qui pensait, à tort, qu’Ayew avait dévié le ballon de la main. Lyon s’en sortait donc bien avec ce 0-0 au tableau d’affichage.
Les Gones étaient même tout prêts d’inscrire un but par Pjanic (16’), lequel manquait le cadre après un relais de Gomis sur un excellent déboulé côté gauche de Delgado. L’OL montrait de l’envie mais peu d’efficacité face au but, et s’exposait aux contre-attaques sudistes. Malgré cela, à l’image de la décision arbitrale contestable de M. Lannoy sur le but refusé de Rémy, la réussite était plutôt lyonnaise en première mi-temps. En atteste le tacle de Diawara sur Lisandro Lopez, dans la surface de réparation, et le penalty sifflé en faveur des locaux et transformé par l’Argentin lui-même (1-0, 25’).
Lloris impérial, Delgado génial
Le match gagnait en intensité après cette ouverture du score, car l’OM se voyait alors dans l’obligation de marquer à deux reprises au minimum pour garder le titre à portée de crampons. Les hommes de Didier Deschamps musclaient leur jeu, et les individualités techniques marseillaises régalaient le public rhodanien, à l’image de la sublime frappe aérienne de Valbuena, bien repoussée par Lloris (35’), ou de celle d’André Ayew après un mouvement à trois, là encore détournée par le gardien International (42’). L’OL repartait aux vestiaires avec un petit avantage au score, pas forcément mérité.
Au retour des vestiaires, et après une bonne soufflante de Didier Deschamps, les joueurs de l’OM commençaient fort en jouant sur la corde sensible des Lyonnais : les coups de pied arrêtés. Sur l’un d’eux, Cheyrou effleurait le ballon, seul face aux buts (54’), et sur l’action suivante c’est Taïwo qui allait mettre Lloris à contribution, en lui frappant puissamment sur le tibia dans un angle fermé (55’). Hugo Lloris faisait jusque-là un sans faute, rassurant après ses prestations moyennes à Toulouse et Nice.
Toutefois, les Marseillais allaient apprendre à leurs dépends le fameux adage de football Dominer n’est pas gagner. En effet, à peine le temps que M. Lannoy refuse un but de Jimmy Briand pour hors-jeu (68’), but qui semblait parfaitement valable d’ailleurs, que Delgado partait à toute vitesse sur son côté gauche, éliminait Fanni d’un crochet intérieur avant de repiquer et de tromper Mandanda, impuissant (2-0, 69’). La messe semblait dite, le break était fait et Claude Puel exultait sur son banc. Seulement, avec cet OL-là, un match de football n’est jamais terminé. Et une nouvelle fois, les Gones allaient subir une période de déconcentration collective qu’ils allaient payer cash.
L’OL, aussi fébrile qu’à Nice
Ils nous avaient juré qu’on ne les y reprendrait plus, et pourtant, comme à Nice cette saison, les Lyonnais n’ont pas su tenir leur double avantage. Très rapidement réduit par une réalisation de Lucho après une erreur naïve de Briand (2-1, 70’), tout Marseille se prenait à rêver d’un retour renversant, et il s’en fallait de peu pour que l’OM renverse totalement le match. D’abord sérieusement handicapée par le claquage de Lisandro, qui laissait sa place à Pied (la saison de l’Argentin pourrait être terminée), l’équipe lyonnaise subissait les assauts marseillais sans trop réagir, ne se contentant que de repousser les montées phocéennes. Et à être trop sollicité, Lloris allait craquer.
Il repoussait d’abord d’une magnifique claquette la tête à bout portant d’un Marseillais (78’), mais ne pouvait rien sur le corner suivant, propulsé du genou puis du visage par Loïc Rémy en pleine lucarne (2-2, 79’). Le match était totalement relancé, et l’OM semblait avoir la capacité de finir plus fort que l’OL, et d’arracher une victoire pour recoller au LOSC, leader du championnat. Marseille jetait donc toutes ses forces (et tout ses joueurs) dans la bataille ; une tactique dangereuse dont profitait l’OL pour évoluer en contre.
Cris, comme un symbole
Sur l’un d’eux, Cris profitait d’une remise involontaire de Diawara pour reprendre le ballon d’une frappe pure, venant se loger dans le petit filet de Mandanda (3-2, 84’). Décrié, critiqué ces derniers temps, mis de coté par Claude Puel, le Brésilien obtenait sa revanche de la meilleure des manières : en offrant une victoire primordiale à son club et ses coéquipiers. Car cette victoire, en plus d’être très importante au niveau comptable (les trois points permettent de distancer le PSG, quatrième, et de revenir sur l’OM), est également primordiale d’un point de vue mental. La fin du match était sifflée et perçue comme un véritable soulagement côté rhodanien.
Les Lyonnais ont enfin fait preuve de caractère face à un excellent adversaire, qui confirme sans mal son actuelle période faste. Les Marseillais, forcément déçus, frustrés, ne peuvent s’en prendre qu’à eux-mêmes, malgré quelques errements au niveau arbitral : les boulevards laissés à l’excellent Delgado ne sont que de leur propre chef.
La nuit a dû être longue et douloureuse pour les Phocéens, qui voient Lille et leur titre de champion s’envoler. A l’inverse, elle promettait d’être belle pour l’OL qui, enfin, est parvenu à s’approcher des étoiles...