Alors que Lyon est ce vendredi déjà à son huitième jour d’alerte aux particules fines, il n’a finalement fallu que le bon exemple d’autres villes comme Paris, Caen, Rouen, Grenoble et Reims et quelques articles assassins. Comme par coup de baguette magique, ce qui était impossible hier encore est tout d’un coup devenu faisable. La bonne parole a été annoncée vendredi matin par la voix du Sytral (autorité gestionnaire des transports en commun lyonnais) : les TCL seront gratuits pendant tout le week-end pour lutter contre la pollution atmosphérique, tout comme les 24 parcs-relais. Par ailleurs, le réseau est renforcé de 15 à 20% comparé à un week-end normal.
Oubliés donc les doutes qui ont assailli le maire de Lyon, farouche adversaire d’une écologie qu’il aime à décrire comme « punitive ». Depuis qu’il occupe le fauteuil de premier magistrat de la ville, Gérard Collomb considère en effet que le seul moyen de lutter contre la pollution est l’accroissement de l’offre de bus, tram et métro. Et tant pis, si la pollution explose à Lyon avec 83 jours d’alerte à la pollution en 2013 et des conséquences dramatiques sur la santé.
Pas plus tard que mardi dernier, l’élu socialiste expliquait ainsi encore dans les colonnes du mensuel Lyon Capitale que la gratuité des transport « représenterait une perte de recettes pour le Sytral de l’ordre de 31 millions d’euros, ce qui est considérable. A cette perte de recette, il convient également de bien apprécier la saturation du réseau que serait susceptible de générer une telle mesure. » Sans oublier qu’elle « imposerait de devoir faire face à un accroissement significatif de la demande, ce qui nécessiterait par conséquent d’ajouter du matériel (rames de métro, tramways, bus...), du personnel supplémentaire, des coûts de fonctionnement non pris en compte dans les 31 millions d’euros. »
Deux jours plus tard, Gilles Vesco, le monsieur mobilité de la Ville et du Grand Lyon lui emboitait le pas en soutenant doctement dans le même média, qu’il n’était pas non plus possible de proposer une heure de gratuité aux utilisateurs des voitures électriques partagées Bluely, alors que la même mesure était bel et bien proposée aux Parisiens. « Le Grand Lyon n’a rien payé pour obtenir le service alors que Paris l’a financé à hauteur de 50 millions d’euros. Nous ne pouvons donc pas contraindre l’opérateur privé pour qu’il offre les trajets. » Patatras, finalement ils peuvent. « Dans le cadre du pic de pollution sur le Grand Lyon, Bluely décide de faire une heure gratuite de location, pour tout type d’abonnement, le samedi 15 mars et le dimanche 16 mars », annonce ainsi la société dans un message envoyé à ses abonnés.
Toutefois, tout n’est pas réglé, comme le rappelle le candidat centriste Eric Lafond pour qui « la gratuité des transports en commun est une réponse symbolique mais inefficace ». Si la mesure vise à convaincre ceux qui entrent en voiture à Lyon de privilégier les transports en commun, « les parc-relais sont saturés (et) les métros comme les lignes D ou B sont saturés aux heures de pointe. »