Depuis que Claude Puel a posé ses valises à Lyon en juin 2008, son président, Jean-Michel Aulas, communique peu. Il s’est même montré plutôt effacé depuis le début de la saison. Cependant, il sait prendre la parole en temps voulu, histoire de calmer une petite crise qui pointe son nez, ou de protéger son club, ses joueurs mais surtout son coach. Ainsi, c’est ce qu’il a fait ce lundi sur la chaîne du club lyonnais, après la nouvelle défaite cinglante des rhodaniens à Bordeaux (0-2).
« Prendre aujourd’hui la décision de changer d’entraîneur, ça ne tient pas la route. (...) Ce n’est pas une solution, la solution c’est de trouver les causes de ses difficultés ». Après avoir investis près de 100 millions d’euros sur le marché des transferts ces deux dernières années et prolongé les juteux contrats des cadres de l’équipe (Lloris, Toulalan, Cris...), difficile de trouver les causes d’une telle débandade. Certes, la préparation d’avant saison des Lyonnais a été tronquée, entre de nombreuses blessures musculaires (le préparateur physique, Vincent Espié, a d’ailleurs été définitivement écarté du groupe pro, Alexandre Dellal le remplaçant au pied levé) et le retour tardif des internationaux, présents en Coupe du Monde.
Seulement il serait trop simple de mettre ce mauvais début de saison sur le dos des joueurs blessés : en réalité, la majorité des joueurs semble avoir encore du mal avec le discours général de l’entraîneur de l’OL, un argument immédiatement réfuté par Jean-Michel Aulas : « Les joueurs croient en Claude Puel, ils ne se posent pas cette question ».
L’entraîneur bénéficierait donc encore du soutien de ses troupes, mais celui de Jean-Michel Aulas semble s’estomper de jour en jour, malgré une retenue bien naturelle des propos du président lyonnais : « S’il suffisait de dire "demain on change d’entraîneur", le premier qui a intérêt à le faire, c’est moi. (...) Si je pensais que c’était la solution, on aurait déjà procédé à ce changement et ce n’est pas le cas. »
Jusqu’alors catégorique dans son soutien à l’entraîneur, Jean-Michel Aulas commence néanmoins à nuancer son propos : « Claude Puel est l’homme de la situation, il est remplaçable, il est menaçable mais il n’est pas menacé. Je ne dis pas que ce ne sera jamais le cas, mais je ne l’espère pas. Cette solution serait plus traumatisante. » Un changement de ton et une façon politiquement correcte de signaler qu’en cas de poursuite des mauvais résultats, Claude Puel ne terminerait pas sa troisième saison avec l’OL.
Jean-Michel Aulas a laissé entendre qu’il resterait un bon mois à Claude Puel pour faire mentir les critiques : « Fin octobre, on aura joué des matches supplémentaires en Ligue 1, on aura également joué une troisième rencontre en Ligue des Champions, on saura où on en est pour la qualification. Là, je vais être en mesure de dire aux supporters s’ils ont eu une intuition pertinente ou si c’était passionnel et une vision virtuelle ». Le destin de Claude Puel à Lyon se joue donc très vite, puisqu’il y a urgence de résultat, pour le club comme pour le maintient du coach.
Des supporters en colère piratent le compte Facebook de Michel Bastos
Ils ont utilisé le premier réseau social au Monde pour exprimer leur colère : des supporters lyonnais ont piraté le compte Facebook de Michel Bastos pour réclamer la démission de Claude Puel, tout en précisant qu’ils continueraient leurs actions contre Claude Puel si les Rhodaniens s’inclinaient le week-end prochain contre le rival stéphanois. A noter que des dizaines de groupes se sont montés sur Facebook pour réclamer la démission de Claude Puel. Entre les supporters et le coach rhodanien, le divorce semble donc bel et bien consommé.
« Puel est responsable des résultats »
Les supporters ne sont pas les seuls à s’impatienter. Sur les ondes de RMC, Luis Fernandez s’est exprimé sans complaisance : « Pour moi, Claude Puel doit maintenant quitter le navire, trop c’est trop ! Cela fait deux ans que Lyon dépense des sommes folles en transfert sans aucun résultat. Claude est un bon entraîneur mais il a tout simplement échoué à Lyon. Il n’a jamais réussi à imposer un style de jeu à l’équipe, c’est vraiment très pauvre. Le président Aulas doit maintenant prendre ses responsabilités. Il faut qu’il trouve un nouvel entraîneur afin de redonner un nouveau souffle à Lyon. Près de 100 millions d’euros dépensés en deux ans, aucun résultat. Puel doit partir ! ». Une façon de faire de l’œil au club lyonnais ?
Un constat qui fait grincer des dents au siège de l’OL, où les avis pourtant ne diffèrent véritablement guère, à en juger par les récents propos de Bernard Lacombe, conseiller spécial du Président Aulas, dans le JDD. « Trois ans sans rien, avec les moyens mis en œuvre… On n’a jamais dépensé autant. Pendant sept ans, l’OL, c’était un peu comme Eddy Merckx : on se demandait qui serait deuxième. On savait que ça ne durerait pas éternellement. On s’y était préparé, mais le renouvellement a été plus compliqué que prévu ». Et d’ajouter : « La faute est à tout le monde. Mais, comme n’importe quel entraîneur, il est responsable des résultats... ».
Entre supporters, on évoque une possible manifestation à l’encontre de Claude Puel, cette semaine, lors de l’entraînement des Lyonnais.