Il n’y a plus de remplaçants à Lyon

Raoul Dufy : 120 collégiens sans prof de math depuis 2 mois

Deux mois sans professeur de mathématiques. Et aucune solution en vue. Les élèves du collège Raoul Dufy (Lyon 3ème) font les frais du manque de remplaçants dans l’académie de Lyon. Quatre classes sont concernées, de la 6ème à la 3ème.

« C’est un scandale », s’écrie Jean-Marc, père d’une élève en 6ème-1 du collège de la place Guichard. « Dans les autres classes, ils apprennent déjà les pourcentages, alors que ma fille est encore aux divisions. Une matière qu’elle a déjà apprise en primaire. » Dans sa classe, l’année avait déjà commencé par un cafouillage. Sa prof de math n’a pris ses fonctions qu’à la mi-septembre, son contrat ayant été signé tardivement par le rectorat. Après plusieurs absences de courte durée, elle est en arrêt de maladie depuis la rentrée de janvier. Si un remplaçant a bien été trouvé au bout d’un mois, il est reparti aussitôt, malade lui aussi ou démissionnaire, selon les sources.

« On est en difficultés en mathématiques », reconnaît-on au collège Raoul Dufy. « On a demandé un remplacement au rectorat, mais il n’y en a pas. On n’a aucune solution ». Un problème qui, de plus est, ne touche pas que les mathématiques. La 6ème-1 prend aussi du retard en histoire/géo. Si une remplaçante à mi-temps assure actuellement la moitié des heures, son contrat expire ce vendredi. « Après les vacances, on verra », se résigne l’école. En attendant, la direction fait ce qu’elle peut pour occuper les élèves. Un cours d’art-plastique par ci, des heures en CDI ou en permanence par là... « Plusieurs parents prennent des cours particuliers pour leurs enfants », raconte Laurence Grange, la responsable des parents d’élèves.

Or, le collège Raoul Dufy est loin de représenter un cas isolé. Jeudi, une trentaine d’enseignants de plusieurs écoles et collèges de la ville ont défilé à Vénissieux. « On n’en peut plus », s’écrie Anne-Marie Rubio, prof d’histoire/géo. « Depuis cette année, le rectorat touche aussi à l’éducation prioritaire. S’ils veulent que ça pète, qu’ils continuent. »

Le manque de remplaçants n’est pas une surprise pour le Syndicat national des enseignements du second degré (Snes). Il a comptabilisé la suppression de 175 postes dans l’académie depuis 2009, soit 12 % des effectifs. Parmi les restants, plus de la moitié sont affectés depuis la rentrée pour toute l’année scolaire. Ils ne reste donc dans l’académie de Lyon, qui couvre les 3 départements Loire, Rhône et Ain plus que 637 remplaçants pour un effectif de 13 000 professeurs. Et personne pour les mathématiques.

Depuis janvier, plus de 3000 heures de remplacement n’ont pas été assurées dans l’académie de Lyon, selon le comptage de la FCPE. « C’est incroyable, nous sommes inondés de messages de parents excédés », s’étrangle Jacqueline Lédée, la secrétaire générale de la fédération. 72 établissements sont concernés, dont 32 collèges. « Du jamais vu en 5 ans de métier », commente Aurélie Guerido, remplaçante en histoire/géo et syndiquée au Snes. « Nous encourageons tous les parents à saisir le tribunal administratif. Il n’y a plus d’autre solution », poursuit Jacqueline Lédée. La FCPE explique la marche à suivre sur son site et propose à ses adhérents de prendre en charge les frais d’avocat.

La situation s’est encore aggravée par l’absence des 400 enseignants-stagiaires, actuellement en formation pendant 4 semaines. Et aucune embellie à l’horizon. Au contraire, 280 postes supplémentaires de professeurs doivent être supprimés à la rentrée prochaine, dont 220 dans le second degré, pour 2000 collégiens et lycéens de plus, souligne Jean-Louis Perez, secrétaire académique du Snes.

Les parents d’élèves du collège Raoul Dufy, plutôt patients jusqu’à présent, se sont résolus à écrire au rectorat. Quant aux syndicats, ils prévoient un rassemblement aux Terreaux le 16 mars à 14h et une grande manifestation nationale 3 jours plus tard à Paris.

Publié le : vendredi 25 février 2011, par Michael Augustin