« Je ne dis pas que ça a été facile pour les stagiaires de débuter directement à plein temps. Mais nous n’avons pas eu de retours négatifs », affirme Denise Courbon, en charge de la formation des enseignants au rectorat de Lyon. « Nous avons même enregistré moins de démissions que les années précédentes. » Pour elle, la nouvelle organisation a donc fait ses preuves.
Jusqu’à l’année dernière, les futurs enseignants sortaient avec une licence de l’université, avant d’intégrer l’IUFM où ils alternaient pendant deux ans cours théoriques et enseignement à mi-temps. Depuis la rentrée dernière, le niveau master est exigé pour enseigner. En revanche, exit la formation en alternance. Les jeunes professeurs se retrouvent directement à temps plein devant une classe, avec comme seul bagage une formation initiale de 3 jours. Un enseignant expérimenté doit leur servir de tuteur durant les premiers mois. Une deuxième formation, plus poussée, de 4 semaines suit de mi-février à mi-mars.
Chez les syndicats, on ne partage pas du tout l’optimisme du rectorat. En l’absence de chiffres officiels, le Syndicat national des enseignements du second degré (SNES) de Lyon a réalisé en janvier son propre sondage pour tirer un premier bilan de la réforme. Un stagiaire sur cinq dans l’académie y a répondu. Les conclusions sont loin d’être idylliques. Pour 37% des stagiaires interrogés, le tuteur, censé les encadrer et guider, travaille dans un autre établissement. Sans encadrement adéquat, les jeunes professeurs atteignent vite leurs limites. 26% ont déjà été en arrêt maladie depuis le mois de septembre pour cause de surmenage, tandis que 33% s’estimaient toujours en état de surmenage en janvier.
Aurélie*, stagiaire en philosophie, témoigne lors de l’enquête du SNES : « j’ai l’impression d’avoir, à jamais, raté la possibilité d’avoir une vraie formation. Plus qu’à moi et à mon état d’âme, je pense aux élèves. Ce sont eux qui payent le prix de cette réforme. »
*Prénom d’emprunt
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