Les bétonneuses ne chômeront pas

Part-Dieu 2020 : le verre remplace le vert

Un spectacle son et lumière. La maquette, qui doit figurer ce que pourrait être le quartier de la Part-Dieu en 2030, en jette. Éclairée façon dancefloor d’un jeu sur Playstation, elle est inondée par vagues successives de lumières bleue, rouge, jaune. Des petites croix animées symbolisent les piétons, les carrés représentent les voitures et les rectangles les transports en commun. Le tout sur fond de musique électronique. Un tableau de bord tactile permet de mettre en lumière telle ou telle composante : bureaux, hôtels, logements... Et au milieux poussent des blocs en plexiglas, tels des champignons lumineux. Beaucoup de champignons.

Tout un aréopage de champignons lumineux ceinture la tour Suisse, dont le plus haut culmine à plus de 200 m. Plus haut que la future tour Incity. Un autre pousse à côté de la tour EDF, 107 m de haut celui-là. Puis devant la gare. Derrière aussi. Partout ou presque où il y a encore un peu de verdure au sein de ce deuxième centre d’affaires de France (après la Défense), pousseront demain des champignons en plexiglas. Il s’agit d’ajouter 650 000 m² de bureaux aux 880 000 m² actuels, de construire 2 « gros porteurs » hôteliers avec 250 à 300 chambres chacun et même de créer 1000 à 1500 logements en plus. Il y en a aujourd’hui 3000.

Et tant pis, si la nature fout le camp. Il n’y aura guère plus que la future rue Garibaldi nord, l’« avenue lyonnaise de référence », où on pourra encore voir des arbres en liberté. En échange, il y aura des parasols sur le centre commercial, des boutiques en rez-de-chaussée des immeubles et une serre tempérée au pied d’un de ces champignons lumineux. « Des espaces publics où les gens seront bien », promet François Decoster de l’agence d’urbanisme AUC, qui a imaginé le projet.

Il évoque les « sols faciles » et les « socles actifs », des concepts aussi fumeux que les tours sont cristallines. On comprend tout de même que la gare doit être « agrandie dans la longueur et la largeur », pour pallier la congestion actuelle. Sur les dessins elle ressemble alors plus à une vaste promenade couverte. A l’est de la gare, sur la place de Francfort (l’actuelle gare routière et dépose-minute) un équipement culturel verra le jour. Puis, au croisement Villette/Pompidou un autre champignon. Et encore un à la place du petit hôtel Ibis sur Vivier-Merle.

S’il est difficile de pleurer la disparition ci et là de quelques fleurons de l’architecture seventies, la plupart des horreurs qui peuplent la Part-Dieu ont la peau dure. Le Britannia, les tours de la rue Garibaldi et les barres d’habitation seront conservés. « Ce sont de belles architectures », s’enthousiasme François Decoster. C’est donc pour ça...

Tout cela n’est heureusement pas pour tout de suite. « Ça se fera sur 20, 25 ans », précise Gérard Collomb. Le plus concret sera encore l’ouverture d’une maison du projet, installée au 192 rue Garibaldi au sein de l’ancienne agence de la Banque de Savoie. Elle ouvrira ses portes en juin et accueillera la maquette high-tech.

Publié le : vendredi 18 mars 2011, par Tony Truand