Présidentielles 2012

Gerin - Mélenchon, la guerre continue

André Gerin ne désarme pas. Malgré le vote massif en faveur de son ennemi Jean-Luc Mélenchon, qui a remporté les primaires communistes avec 59,12%, le député vénissian refuse de se ranger derrière le président du Parti de gauche. Quitte à le menacer d’une candidature dissidente en 2012.

« Il n’y aura pas de candidat communiste. Beaucoup d’électeurs vont devoir se confronter au premier tour à deux candidats socialistes », s’est écrié l’ex-maire de Vénissieux lundi matin lors d’un point presse. Tandis qu’André Chassaigne, candidat malheureux avec 36,82% des voix malgré le soutien d’André Gerin, a appelé à se « rassembler autour d’un objectif politique commun », le député du Rhône refuse de rendre les armes. « Je ne mènerai pas la campagne électorale [et] je ne voterai pas pour Jean-Luc Mélenchon » en 2012, a-t-i martelé. Et de conclure : « je n’exclue pas de me présenter à nouveau à la présidentielle. »

Comment y parvenir ? En s’appuyant sur tous les communistes qui n’ont pas voté Mélenchon. « Le PCF revendique 130 000 adhérents, or seuls 69 227 étaient inscrits pour les primaires », c’est à dire à jour de cotisation, calcule André Gerin, qui en déduit que « des milliers d’adhérents ont été interdits de vote. » Ce qui n’en fait pas automatiquement des soutiens du député communiste, mais peu importe. Tandis que même André Chassaigne n’est « pas d’accord » avec la démarche du Vénissian, celui-ci se laisse jusqu’en octobre pour « faire le point avec tous les militants avec qui je travaille. »

Craint-il d’être exclu du parti ? « Pour quoi faire ? » s’esclaffe l’ancien maire. Et de rappeler que les camarades qui ont soutenu José Bové en 2007 sont toujours adhérents. Excluant d’emblée de créer son propre mouvement, il vise en réalité le prochain congrès du PCF, espérant qu’il mettra fin au règne d’une direction « en cours de boboïsation ». Ce congrès aura lieu fin 2012, bien après les élections.

L’élu ne craint pas le populisme, prônant à la fois la sortie de l’euro (« un corset de fer d’austérité »), une « guerre contre la drogue » et l’arrêt de l’immigration. « Non, l’immigration n’est pas une chance pour la France. C’est un mensonge entretenu depuis 30 ans. », a-t-il notamment déclaré. « Oui c’est une chance pour le capitalisme financier, pour diviser, pour exploiter, pour généraliser l’insécurité sociale, exclure, ghettoïser des millions de familles. » Sur ce thème, il se trouve volontairement en opposition frontale avec Jean-Luc Mélenchon qui, lui, défend la régularisation de tous les sans-papiers. Et tant pis si son discours ressemble à celui de Marine le Pen. « Pourquoi ça me gênerait ? » feint-il de s’interroger.

Publié le : mardi 21 juin 2011, par Michael Augustin