Le mouvement se durcit

Collecte des ordures : la grève dans l’impasse

Cinquième jour de grève et aucune solution en vue. A la fin de la première semaine du mouvement et après quelques flottements dans les positions syndicales, les fronts sont actuellement complètement figés. Les syndicats font du retrait du nouveau marché un préalable à toute discussion, le Grand Lyon refuse. Depuis deux jours, aucun ramassage n’a eu lieu dans les zones confiées à la régie publique.

Depuis lundi, les éboueurs du Grand Lyon sont en grève. 41% ont cessé le travail vendredi, un pourcentage en hausse comparé aux jours précédents. Comme les grévistes bloquent les dépôts, le service de ramassage est complètement paralysé dans la moitié de l’agglomération.

Les éboueurs comptent protester contre un nouvel appel d’offres lancé par le Grand Lyon. Celui-ci attribue tous les secteurs de Lyon et Villeurbanne à des prestataires privés, tandis que la régie publique serait chargée des 56 communes extérieures. Sur le principe, rien de nouveau. Depuis 2007, Véolia et Suez, deux géants du service aux collectivités ramassent déjà la moitié des ordures grand-lyonnaises, mais sur des secteurs différents : 5 arrondissements lyonnais, la moitié de Villeurbanne et 44 communes extérieures.

Les syndicats s’embrouillent

Braqués par la perte des deux villes-centre, les syndicats du Grand Lyon se sont mis en grève depuis lundi. Puis, coup de théâtre mercredi : un nouveau préavis de grève est déposé, avec une autre revendication : le repos tous les samedis pour tous les agents.

Le sujet est délicat pour les éboueurs qui travaillent actuellement 6 jours sur 7, pour assurer 81 rondes dans le Grand Lyon. En 2003, le Grand Lyon s’était engagé à offrir aux agents un samedi chômé sur deux. Une promesse jamais tenue, mais ressortie en 2012 à l’occasion du nouvel appel d’offres.

Pourquoi ce nouveau préavis ? « On réalise que garder Lyon et Villeurbanne était impossible, alors sous la pression des agents, on a été obligés de modifier nos revendications », a commenté Mohamed Messai vice-président du syndicat FNACT-CFTC, cité par l’AFP. Une déclaration qui a fait désordre dans les rangs syndicaux et qui a depuis été démenti. Si bien que les éboueurs demandent maintenant les deux choses à la fois : le retrait de l’appel d’offres et tous les samedis chômés.

« C’est techniquement impossible », s’écrie Thierry Philip, vice-président à la propreté au Grand Lyon, puisque les poubelles sont ramassées 6 jours sur 7 à Lyon et Villeurbanne, ce qui n’est pas le cas de toutes les communes extérieures.

Puisque les syndicats font du retour en régie de ces deux villes un « préalable à toute discussion », selon Pierre Crédoz, en charge des ressources humaines, et que le Grand Lyon refuse de céder sur ce point, la situation est dans l’impasse.

Les maires préfèrent la régie publique

Les seules à se féliciter de la nouvelle organisation sont les 56 communes extérieures du Grand Lyon, ravies de voir arriver les éboueurs de la régie publique, à l’en croire Pierre Crédoz. « Il y a un certain nombre de réclamations de la part des maires de ces communes », qui sont actuellement sous contrat privé. « La qualité des prestations dans certains endroits était délicate », concède aussi Bruno Coudret, le directeur de la propreté.

Aucune nouvelle réunion avec les syndicats n’est encore prévue. « Notre porte est ouverte », souligne Thierry Philip, avant de lancer aux journaliste présents à la conférence de presse : « Je crains qu’on se revoie bientôt. »

Publié le : vendredi 16 mars 2012, par Michael Augustin