Réunis lundi matin dans les deux dépôts de Villeurbanne et celui de Gerland, à l’appel de l’intersyndicale CGT-CFTC-FO-CFDT-Unsa-FAFPT, les agents du service propreté du Grand Lyon ont votée à plus de 50% en faveur de la grève. Si les syndicats estiment le taux de grévistes à plus de 50%, le Grand Lyon n’en a comptabilisé que 38% en moyenne. 43 rondes sur 85 ont pu être assurées, entre autre grâce au recours aux intérimaires.
Un appel d’offres qui passe mal
Les éboueurs protestent contre un appel d’offres qui doit réorganiser les zones traitées par les agents du Grand Lyon et celles prises en charge par des entreprises privées. Actuellement, les 3ème, 4ème, 6ème et 7ème arrondissements, la moitié de Villeurbanne et 12 communes extérieures dépendent de la régie publique, le reste est sous contrat avec deux mastodontes du service aux collectivités : Sita (Suez) et Véolia.
Le nouvel appel d’offres rabattra les cartes, en attribuant tout Lyon et Villeurbanne au privé et les 56 communes extérieures au public. Les 178 agents du Grand Lyon (sur un total de 399), qui travaillent actuellement à Lyon et Villeurbanne, changeront donc de secteur.
Une réorganisation nécessaire selon Gérard Collomb afin de ne pas avantager les prestataires sortants lors du nouvel appel d’offres. Le président du Grand Lyon assure qu’elle sera également bénéfique aux agents, qui profiteront de rondes moins stressantes qu’en centre-ville et pourront bénéficier d’un samedi chômé sur deux, alors qu’ils travaillent actuellement 6 jours sur 7.
Des arguments qui ne convainquent pas les éboueurs. Une petite centaine d’agents s’étaient rassemblés lundi matin à l’Hôtel de communauté, en attendant qu’une délégation soit reçue par le directeur du service propreté du Grand Lyon, Bruno Coudret. « Le repos du samedi, cela fait depuis 2003 que Gérard Collomb nous l’a promis », s’insurge Farid*. « En 9 ans, il avait le temps de le mettre en place. » Quant aux tournées plus tranquilles, Farid n’y croit pas non plus : « Je travaille à Vénissieux. En une journée, nous ramassons 25 tonnes. Je ne pense pas qu’ils en font autant à Lyon. »
Des propositions supplémentaires jugées insuffisantes
Vendredi, Gérard Collomb avait fait des propositions supplémentaires : recrutement de 10 agents, redéploiement de 16 autres, recours limité aux intérimaires et collecte des silos enterrés par la régie. Rien que cette dernière proposition coûterait 400 000 euros à la collectivité, pour l’achat d’un camion-grue et la formation du personnel, selon les calculs de Bruno Coudret. Des propositions réaffirmées dans la journée par le sénateur-maire de Lyon, qui affirme ne pas pouvoir « aller au-delà ».
La commission des appels d’offres doit d’ailleurs se réunir le 30 mars prochain, pour choisir le ou les prestataires d’un marché estimé à 75 millions d’euros (cumulés sur cinq ans).
Pour sa part, l’intersyndicale continue à réclamer le retrait pur et simple de l’appel d’offres. Les syndicats craignent qu’il n’ouvre la porte à la privatisation totale de la collecte, lors de la prochaine renégociation des contrats en 2017. Une crainte injustifiée selon Gérard Collomb, qui met en avant que la répartition du tonnage récolté reste inchangée, chaque partie ramassant la moitié. De plus, il a promis qu’en 2017 une partie de Lyon et Villeurbanne serait à nouveau confiée à la régie.
Sera-ce suffisant pour amadouer les grévistes ? réponse mardi matin dès 5h30. De nouvelles assemblées générales décideront alors de la suite du mouvement.
*prénom changé