Procès Régis de Camaret

Viols à l’école de tennis : « une maison de fous »

Coup de tonnerre à la fin de la deuxième journée d’audition. Alors que la cour d’assises du Rhône juge depuis jeudi Régis de Camaret, accusé de nombreux viols sur des jeunes joueuses de tennis, on apprend qu’il ne serait pas le seul adulte du club à avoir eu des relations sexuelles avec des mineures.

A la barre, Caroline une jolie brune de 37 ans, raconte son année passée au tennis-club des Marres à Saint-Tropez, alors dirigé par Régis de Camaret et Sylvie Gardette. Elle détaille les avances subies de la part de l’accusé, qui aurait tenté de l’embrasser, de l’entrainer dans son lit. « Si tu te laisses faire, je t’entrainerai mieux », lui aurait-il promis.

Puis, elle lâche : « et j’ai eu d’autres problèmes ». Sans plus de précisions. Maitre Emmanuel Daoud, l’un des avocats de la défense, insiste. La jeune femme finit alors par avouer qu’elle a « couché avec Sylvie Gardette », la co-gérante, de dix ans son aînée. Relation consentie ou autre viol sur mineure (elle n’avait que 16 ans) ? L’ancienne pensionnaire n’en dira pas plus.

Caroline a quitté le centre des Marres en novembre 1990, à peine un an après son arrivée. « C’était une maison de fous », s’écrie-t-elle à la barre. Avant de raconter comment elle avait recueilli les confidences de Stéphanie Carrouget, l’une des parties civiles. La fillette, alors âgée de 13 ans, lui aurait révélé qu’elle avait un fiancé, avec lequel elle couchait... Régis de Camaret.

A la barre, cette ancienne pensionnaire du tennis-club, l’une des deux dont les faits ne sont pas prescrits, témoigne comment, de 1989 à 1990, de Camaret pénétrait dans sa chambre la nuit « par la fenêtre », se déshabillait, « frottait son sexe contre le sien et éjaculait ». « Il ne rentrait jamais complètement et pareil avec sa langue », précise-t-elle , disant qu’elle restait « inerte » car déjà « fragilisée » par les abus sexuels de son beau-père. Elle arrêtera le tennis en 1990 et se dit depuis « dégoûtée par le sexe ».

Les témoignages défilent et se ressemblent. Toutes racontent comment Régis de Camaret essayait de les embrasser sur la bouche, les attendait à la sortie de la douche, tentait de les déshabiller. Comment il leur interdisait de fermer à clé la porte de la salle de bain et celles de leurs chambres. Les relations avec d’autres garçons auraient également été prohibées. Si les filles les plus solides arrivaient à repousser ses avances, les plus influençables, sous l’emprise de l’entraineur, auraient dû subir attouchements et viols.

C’est le cas de Karine Pomares, l’autre partie civile. Pensionnaire au club à la même époque que Caroline et Stéphanie, elle témoigne comment, un jour où elle était malade, de Camaret, pour prendre sa température, lui aurait touché les seins, le ventre et « en bas ». Puis, un matin avant d’aller au collège, il lui aurait demandé de s’assoir à côté de lui, aurait glissé sa main dans sa culotte, avant de la pénétrer digitalement. « C’est la dernière fois de ma vie que j’ai mis une jupe », indique celle qui dit avoir mis 15 ans pour surmonter ce traumatisme.

Comme les autres victimes, elle n’aurait rien dit à ses parents de peur qu’ils la retirent du club. Comme les autres, elle s’imaginait seule victime des agissements de son entraineur. En réalité, 13 personnes ont témoigné de sévices infligés par Régis de Camaret, un chiffre sans doute sous-évalué, estiment les avocats des partie civiles.

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Publié le : vendredi 16 novembre 2012, par Michael Augustin