A partir du 1er janvier 2015

Qui est le Nouveau Rhône ?

Nous sommes le 1er janvier 2015. Si vous habitez Tarare, Villefranche ou Belleville, vous vous réveillez dans un nouveau département qui a perdu les trois quarts de sa population : le Nouveau Rhône. « Un département jeune et dynamique », veut croire Danielle Chuzeville, sa présidente qui en a détaillé les contours.

Le 1er janvier 2015 verra la naissance de la Métropole de Lyon, une nouvelle collectivité d’1,3 million d’habitants qui réunira sur le territoire du Grand Lyon actuel les compétences de la communauté urbaine et du département. Le Nouveau Rhône, c’est-à-dire ce qui restera de l’actuel département, formera alors une sorte de croissant autour de la Métropole et n’abritera plus que 429 000 habitants, soit un peu moins que la Drôme et un peu plus que la Savoie. Il se classera au 53ème rang des départements français.

Pendant six mois, l’Insée s’est penchée sur cette nouvelle entité pour en définir les caractéristiques. Loin de se limiter aux seuls vignobles du Beaujolais, elle s’avère plutôt jeune, urbaine et industrialisée.

Le nouveau territoire a vu sa population presque doubler en moins de 50 ans. 180 000 personnes sont venues s’y installer depuis 1968. La raison est surtout un Grand Lyon qui déborde. Hausse des loyers et envie de verdure pousse de nombreuses jeunes familles en dehors des limites de la communauté urbaine. Sans surprise, 38% des Nouveaux Rhôdaniens ont moins de 30 ans et seulement 21% plus de 60 ans.

Si l’agriculture occupe les deux tiers du territoire, le Nouveau Rhône est loin du cliché du département rural. Il s’avère au contraire fortement industrialisé. 20% de ses emplois se trouvent dans ce secteur, contre seulement 13% en moyenne nationale. Si la zone autour de l’aéroport Saint-Exupéry, que le Grand Lyon convoite fortement, y est pour beaucoup, des pôles industriels se trouvent également autour de Villefranche, Tarare et Belleville. D’ailleurs, trois habitants sur quatre habitent en ville, notamment autour de l’agglomération lyonnaise mais également le long de la Saône.

Des données qui complexifient l’organisation des transports interurbains. « Il n’y a pas que des flux entre la ville-centre et la périphérie mais également de périphérie à périphérie », note Pascal Oger, directeur régional de l’Insée. « La voiture reste ainsi indispensable pour un certain nombre d’habitants. » Pour plus de cohérence, un syndicat unique de transport verra le jour le 1er janvier prochain. Il devra organiser l’offre de transport en commun sur tout le territoire de la future Métropole de Lyon et du Nouveau Rhône.

Outre les déplacements, d’autres casse-tête attendent Danielle Chuzeville. En commençant par la qualité de l’eau, mise à mal par l’utilisation intensive de pesticides. Selon l’Insée, 25% des 164 stations d’épuration ne sont pas aux normes. Leur mise à niveau sera l’une des priorités de la présidente de département.

Mais également l’emploi, notamment dans les zones de Villefranche et Tarare où le chômage dépasse les 16%. « Il y a un vrai potentiel à créer des emplois au plus près des habitants. Nous devons continuer à être un moteur pour l’économie », déclare Danielle Chuzeville. La création d’une société d’économie mixte est à l’étude, en collaboration avec la Caisse des dépôts. Elle aura pour vocation d’investir dans l’immobilier des entreprises afin de les aider à s’installer ou s’agrandir.

Sans oublier l’épineuse question du chef-lieu du futur département. Si le législateur l’a autorisé à conserver son siège à Lyon, c’est le nouveau Conseil général qui tranchera en mars prochain.

Publié le : jeudi 23 octobre 2014, par Michael Augustin