Grands travaux

Le périph’ ouest pas au TOP

Cela devait être le coup d’envoi d’un projet à l’arrêt depuis une bonne douzaine d’années. Finalement, la réunion commune du Conseil général et de celui du Grand Lyon a surtout permis d’étaler les incertitudes qui planent sur le projet. Et les opposants en ont profité pour affuter leurs arguments.

Verra-t-il le jour ? Rien n’est moins sûr après ce conseil commun des représentants de la communauté urbaine et du département. S’ils ont presque tous, Gérard Collomb et Michel Mercier en tête, redit leur attachement à la construction du tronçon ouest du périphérique (TOP), ils ont tout aussi unanimement assorti leur accord de diverses réserves. Au premier rang desquelles la volonté que le nouveau tronçon n’accueille pas de trafic autoroutier. Si ce projet doit en premier lieu résoudre les problèmes de bouchons sous Fourvière, il paraît surtout mal embouché.

Petit historique

Tout remonte à 1991. Le 24 juin, le Conseil général du Rhône approuve la construction du TOP et lance les études préliminaires, examinant 3 tracés différents. En 1996, il acte le tracé dit court, qui relie le port Edouard Herriot au pôle hospitalier Lyon Sud. L’année d’après, TEO, le tronçon nord du périphérique est mis en service. Puis, en 1998 coup de théâtre. Le Conseil d’État annule la concession de TEO, qui a été attribuée à Bouygues. Département et communauté urbaine sont obligés de la racheter au bétonneur au prix de 1,2 milliards de francs chacun. Ce revers a décidément douché les ardeurs du Conseil général, obligé d’augmenter ses impôts pour financer le rachat. Depuis, le bouclage du périphérique a été remis dans les cartons desquels il n’est plus jamais sorti.

Entretemps, un autre projet, intimement lié, a lui aussi disparu des radars. Il s’agit du contournement ouest de Lyon (COL), dont le but est de relier l’A6 à l’A7 et de permettre au trafic autoroutier de transit de contourner amplement Lyon, au lieu de s’engouffrer dans le tunnel de Fourvière (voir galerie d’images ci-dessous). Depuis 2 autres autoroutes ont fait leur apparition. Il s’agit de l’A89 (Lyon-Bordeaux) au nord, dont la mise en service est prévue pour 2012 et de l’A45 (Lyon et Saint-Etienne), dont la déclaration d’utilité publique a été prise en 2006. En tout, cela fait donc 4 autoroutes qui convergent vers la capitale des Gones et dont l’arrivée se situe quelque part dans le secteur du futur TOP.

Or, personne ni au Conseil général, ni à la COURLY ne veut du trafic autoroutier sur le TOP. Jean-Louis Touraine, au nom des socialistes du Grand Lyon, a rappelé les risques d’accidents si le trafic de transit se mélangeait à la desserte locale. Quant à Gérard Collomb, fervent défenseur du bouclage du périphérique, il a apporté un bémol à son soutien. Faute de COL, il a demandé que les futures A89 et A45 soient respectivement connectées à l’A6 et l’A7, faute de quoi, il ne serait « pas l’homme de la situation ». Et d’interpeller Michel Mercier, ministre de l’Aménagement du territoire, qui est cependant resté très évasif sur les exigences adressées à l’État concluant d’un éloquent « je pense que nous aurons l’occasion de nous revoir ».

Quel tracé ?

L’autre point de discorde, le tracé exact du TOP. Si la plupart des orateurs se prononçaient en faveur du tracé court, défini en 1996, François-Noël Buffet, maire d’Oullins a plaidé pour un tracé plus long, englobant Saint-Genis et Pierre-Bénite, et qui aurait l’avantage de ne pas passer par la Saulaie. Quartier, qui doit accueillir en 2013 l’extension du métro B et dont il souhaite faire un éco-quartier. « J’essaie aussi d’être sur une vision d’agglomération », tient toutefois à préciser le chef de file UMP au Grand Lyon, en prédisant un avenir résidentiel au port Edouard Herriot, à l’image de la HafenCity de Hambourg. « Construire un axe aussi fréquenté aussi proche du centre de l’agglo, c’est commettre la même erreur que Pradel quand il avait construit le tunnel de Fourvière en centre-ville », prévient le maire UMP, cité par Lyon Capitale. « En faisant le TOP, Collomb veut corriger l’erreur de Pradel. Mais qui corrigera l’erreur de Collomb ? »

TOP ou train ?

Seuls à s’élever complètement contre le TOP, les Verts prônent l’abandon pur et simple du projet et le développement du transport public. « Le trafic routier diminue en France et à Lyon. Sur TEO, il a baissé de 3,37% en 2008 et encore de 3,71% sur les sept premiers mois de 2009 », a affirmé Bruno Bernard, qui s’est exprimé au nom des écologistes. Pour lui, ce projet est d’un autre âge, « qui pourrait coûter 3 à 4 milliards d’euros et n’est pas dans l’intérêt de l’agglomération. » « La Rocade Est a été conçue pour faire sauter le bouchon de Fourvière. Cinq ans après, ils étaient tous les deux bouchés », rappelle Jean-Claude Kohlhaas, conseiller régional d’Europe Écologie dans Lyon Capitale. Pensé pour désengorger le centre de Lyon, le TOP ne pourra pas remplir sa fonction, estiment les Verts. Aux heures de pointe, seul un tiers du trafic sous Fourvière est de transit, les deux tiers se dirigent vers le centre-ville et continueront donc d’emprunter le tunnel, affirment-ils.

« De toute façon, le TOP ne se fera pas car ils n’ont pas l’argent nécessaire », croît Étienne Tête, qui rappelle que « TEO et la ligne D du métro ont chacun coûté un milliard d’euros. Le premier est emprunté par 50 000 usagers par jour, le second par 230 000. » Conscient des problèmes qui l’attendent, Gérard Collomb avait déclaré lundi dernier devant la presse qu’à côté du TOP, les difficultés liées au Grand Stade étaient « une promenade de santé ». Il pensait peut-être pas si bien dire.

Les grandes dates du projet

- 1989 : accord entre Michel Noir et Michel Mercier stipulant que la communauté urbaine construira le périphérique nord (TEO) et le Conseil général le tronçon ouest
- 24 juin 1991 : lancement des premières études du TOP par le Conseil général du Rhône. Établissement d’une convention cadre sur les participations du Département du Rhône et du Grand Lyon à son financement.
- 18 avril 1996 : adoption du tracé court
- 1997 : mise en service du périphérique nord
- 1998 : annulation de la concession du périphérique nord
- 2000/2001 : le Grand Lyon prêt à reprendre la maîtrise d’ouvrage du TOP
- 2005 : confirmation du cofinancement paritaire des travaux par Michel Mercier et Gérard Collomb
- 3 mai 2010 : réunion commune des deux assemblées pour débattre du projet

Publié le : mardi 4 mai 2010, par Michael Augustin