Détaillé et bien argumenté, le rapport des 3 commissaires-enquêteurs, qui se sont penchés fin 2009 sur le Grand stade, taille un short au projet de Jean-Michel Aulas. Leur principale critique porte sur la « question clé » de l’acheminement des spectateurs. « Le Sytral [n’a] pas adopté les dispositions permettant de garantir l’accessibilité du site dans des conditions satisfaisantes », peut-on lire. Rappelons que la ligne de tram T3, prolongée jusqu’au stade, sera le seul moyen de transport en commun qui desservira l’OL Land, avant une, hypothétique, prolongation de T2. Pour les enquêteurs, le dispositif paraît « fragilisé » et présentant « le risque de dysfonctionnements à répétition. » Ils concluent que « le choix du site privilégie la voiture individuelle et le bilan carbone promet d’être très mauvais ». D’autant plus que les aménagements prévus ne profiteront pas aux habitants de l’Est lyonnais. « Stationnement sauvage », rocade saturée, « il y a tout lieu de craindre le pire » pour les riverains, estiment les enquêteurs.
De plus, le budget prévu par le Grand Lyon pour la construction des dessertes au stade, chiffré par la communauté urbaine à 180 millions d’euros, paraît aux enquêteurs « nettement sous-évalué ». L’association de contribuables CANOL avance, elle, dans un récent rapport un coût de 400 millions.
Autre charge à venir pour la ville de Lyon, l’entretien du stade de Gerland, pour lequel l’OL verse actuellement 1 millions d’euros par an. Le LOU, club de rugby de D2, pressenti pour devenir locataire de l’enceinte construite par Tony Garnier, ne paraît pas aux commissaires d’être à la hauteur de la tâche. Le club qui « attire quelques milliers de supporters [au] stade Vuillermet » sera incapable « de faire face à une telle dépense », jugent les commissaires-enquêteurs.
De plus, ils mettent en doute la neutralité du Grand Lyon pendant la phase d’enquête en pointant notamment la « vaste campagne d’affichage publicitaire », réalisée par la communauté urbaine, qui, d’un autre côté, n’aurait fait « aucun effort particulier pour informer la population du déroulement de l’enquête. » « Tout a été mise en œuvre pour vendre les vertus du site de Décines », déduisent les enquêteurs.
« Fort de café », s’écrie sans surprise Gérard Collomb, qui juge le rapport « hors sujet ». Interrogé sur RMC, le maire de Lyon a estimé que « quand on veut bouger les choses, il y a toujours un certain nombre de personnes qui sont contre ». Dans un dossier remis à la presse, il fait remarquer que 5426 avis favorables ont été recueillis au cours de l’enquête, contre 2682 défavorables. Il est vrai que le PS avait battu le rappel de ses sympathisants pour qu’ils viennent garnir les cahiers d’enquête.
« Un déni de démocratie », s’étrangle Franck Buronfosse, président de Carton rouge, l’une des principales associations d’opposants au projet. « Gérard Collomb veut imposer son idée coûte que coûte ».
Si le rapport est sans conséquence juridique pour avoir été annulé, tout comme le premier, par la cour d’appel pour vice de forme, il a sans doute donné le coup de grâce au projet. Au regard des arguments développés, il est peu probable que la troisième enquête, qui devra démarrer à la rentrée, vienne contredire les deux premières. Si Gérard Collomb peut « passer outre » l’avis des commissaires, chose qu’il a déjà laissée entendre, cela provoquerait à coup sûr une avalanche de procès.
Info : le rapport est disponible au téléchargement sur le site du Grand Lyon (www.grandlyon.com)