Saint-Paul et Saint-Joseph

6000 étudiants pour animer les prisons de Perrache

« Nous allons faire tomber les murs et créer une continuité de cheminement pour relier la place des Archives au cours Suchet et au Rhône. » Ce lundi, l’architecte Bernard Garbit a détaillé le projet qui doit accueillir, d’ici 2014, l’Université catholique de Lyon sur le site des anciennes prisons Saint-Paul et Saint-Joseph. En compétition avec Bouygues Immobilier, ce projet de campus avait reçu vendredi l’aval du préfet du Rhône, Jacques Gérault qui avait piloté la reconversion du site carcéral.

« Ce projet se détachait de ses concurrents sur le plan patrimonial, car les bâtiments datant du XIXe siècle seront conservés », s’était félicité le préfet. Dans les plans du cabinet Garbit & Blondeau, l’îlot Saint-Paul accueillera sur 35 000 m² le campus catholique, tandis que Saint-Joseph sera dédié au logement, aux bureaux et à quelques commerces sur environ 25 000 m². Une rue intérieure couverte permettra de traverser Saint-Paul sous une immense verrière, tandis qu’un cheminement à l’air libre longera les bâtiments en forme de peigne de Saint-Joseph.

Autour de la rue intérieure se regrouperont d’une part la bâtisse carcérale en forme d’étoile existante (6000 m²) et d’autre part des constructions neuves (29 000 m²) qui accueilleront des amphithéâtres et une cafétéria, surmontés d’une bibliothèque et d’une salle de sport. Tandis que les bâtiments anciens comprendront des salles d’exposition, les locaux de la vie étudiante, d’autres amphithéâtres et l’accueil général de l’université. L’étoile perd toutefois l’une de ses 6 branches, récréée sous forme de passerelles surélevées.

Une université du XXIe siècle

Le projet se veut résolument écologique. « Le site se trouve à proximité de tous les métro, tram et bus de Perrache », souligne Jean-Pierre Blondeau, l’autre architecte en charge du projet. De plus, il sera doté d’un « vaste local vélos ». Les constructions neuves seront recouvertes d’une double peau pour une meilleure isolation énergétique. Côté Saint-Paul, elles seront de plus habillées d’une résille en cuivre. « Un matériau noble pour répondre au bâti ancien », explique Jean-Pierre Blondeau. Les toitures seront végétalisées et l’eau de pluie récupérée. « L’Université catholique s’affirme comme une université du XXIe siècle », se félicitent les architectes.

La Catho vend ses bijoux de famille

Le coût du projet est estimé à 65 millions d’euros pour la seule université. Pour pouvoir le financer, l’institution catholique met en vente 4 de ses 5 sites, ne conservant que ses locaux place Carnot. En tout 23 000 m² sont ainsi à la recherche d’un repreneur. Les immeubles de la place Bellecour, qui totalisent 21 000 m² à eux tous seuls, sont d’ores et déjà en train de changer de main. « Une lettre d’intention a été signée avec la Sofade », indique Gilles Barrié, président de l’Association des Fondateurs et Protecteurs de l’Institut Catholique de Lyon (AFPICL). Les salles de cours laisseront alors la place à des logements sociaux et privés.

« Une victoire humaniste »

« C’est une victoire de la vision humaniste de la société », s’est félicité Michel Quesnel, le recteur de l’université, à l’annonce de la décision de retenir son projet pour la reconversion des prisons. « Elle exprime la volonté de la collectivité territoriale que le site ne soit pas uniquement un lieu d’habitation, mais qu’il y ait de l’animation », ajoute Bernard Garbit. Le site devra accueillir 6000 étudiants en plus des 1000 habitants qui occuperont les futurs logements. Michel Quesnel prévoit 2 ans de travaux et souhaite emménager au plus tard à la rentrée 2014.

Publié le : lundi 15 novembre 2010, par Michael Augustin