Une histoire à l’apparence banale dont le réalisateur Ivano de Matteo tire un film fortement ambiguë, en mettant en lumière la face cachée des bons sentiments. Car si l’intention de départ de Susanna est louable, sa façon de secourir la jeune femme démontre que l’enfer est souvent pavé de bonnes intentions. L’aide tourne à l’enlèvement et Alfredo devient, à son corps défendant, le complice de sa femme. La scène est brutale, et malgré l’apparente gentillesse du couple, une sensation de malaise s’installe. Susanna qui parle si doucement à Nadja, la prostituée, la considère-t-elle vraiment comme un être humain ? Ou n’est-elle qu’un caprice de Susanna qui cherche à s’acheter une bonne conscience ? « Nous avons beaucoup travaillé avec les acteurs sur ces mots gentils qui peuvent couper comme un rasoir », note le réalisateur.
Face à cette mère toute puissante, Nadja n’est donc qu’un objet. Bien traitée certes, mais privée une nouvelle fois de son libre arbitre. Jusqu’à ce que Giulio, le fils, tombe sous son charme et fasse tomber les masques de cette famille bourgeoise. « Ce qui est difficile, ce n’est pas d’aider les gens. C’est de le faire sur une longue durée », analyse Ivano de Matteo. « Que se passe-t-il lorsque celui à qui on donne, commence à prendre ? »
Film à l’image sombre rappelant une certaine esthétique du giallo (films policiers italiens), La Bella Gente prend le pari de plonger derrière le masque des bons sentiments. Un pari réussi tant le film génère un certain malaise, interroge le spectateur sur la nature exacte de sa générosité. N’y a-t-il pas un peu d’égoïsme dans chaque acte de bonté ?
Long-métrage italien
Réalisé par Ivano de Matteo
Avec Monica Guerritore, Antonio Catania, Victoria Larchenko, Iaia Forte...
Durée : 1h38
Sortie : 16 février 2011