Jeanne Balibar apparaît dans l’ombre d’un studio pour l’enregistrement de son deuxième album : Slalom Dame. La caméra est posée, les plans se succèdent. Les images, en noir et blanc, stagnantes, témoignent de ce long travail de recherche. Le décor change subitement, Jeanne est à son cours de chant lyrique. Son professeur, invisible à l’écran, la fait travailler.
De retour dans les studios, l’équipe d’enregistrement travaille avec Jeanne. Essai, essai 2, essai 3, etcetera. Puis, brusquement nous sommes dans une loge. Jeanne se prépare à monter sur scène, chauffe sa voix, se concentre.
Pour le réalisateur Pedro Costa, qui vit ses projets au fil de ses rencontres, Ne change rien est le témoignage de son admiration pour Jeanne Balibar. « C’est vrai que j’aime regarder et être discrètement à côté des gens qui cherchent quelque chose », affirme-t-il. Pour le spectateur, c’est juste une série d’images qui se succèdent. Il est posé là et oublié, pendant que différentes personnes travaillent.
Pour Pedro Costa c’est de l’amour et de la poésie : « Si portrait il y a, ce serait celui de plusieurs femmes réelles et imaginées, peut-être le fantôme d’une seule femme que je conjugue avec les puissances du cinéma et le mystère de son chant », s’enthousiasme-t-il. Mais pour le spectateur c’est juste une grande d’interrogation : Qu’est-ce que je fais là ?
Dans une lumière entre chien et loup, Ne change rien, est la mise bout à bout de ces moments. C’est une succession de plans fixes, intimes certes, qui témoignent du fastidieux travail d’une comédienne qui devient chanteuse. Mais à moins d’ambitionner de suivre Jeanne Balibar sur cette voie-là, l’intérêt pour le spectateur reste limité. La chanson qui ouvre ce documentaire, Torture, est finalement annonciatrice de ce qui va suivre.
Long-métrage portugais
Réalisé par Pedro Costa
Avec Jeanne Balibar, Rodolphe Burger
Durée : 1h40
Genre : Documentaire
Site officiel : www.pedro-costa.net
Sortie : 27 janvier