Avec un certain plaisir, Gérard Collomb a enfourché un cheval de bataille qu’il affectionne beaucoup ces derniers temps, pour aller ferrailler contre la réforme territoriale et la suppression de la taxe professionnelle. « Nous vivons dans un monde globalisé, où les grandes politiques se définissent au niveau européen », a-t-il doctement expliqué. L’échelon national a donc, selon lui, perdu de son importance. Ainsi, « une entreprise qui s’installe à Lyon, ne le fait pas parce que Lyon se trouve en France. Elle choisit l’Europe, puis Lyon. » Le maire de Lyon trouve ainsi le discours de Nicolas Sarkozy « extrêmement manichéen ». Un discours, dans lequel, selon lui, élus locaux rime avec gaspillage et immobilisme. « Je m’inscris en faux contre cette vision », tonne-t-il. Lui qui appelle à un « partenariat entre l’Etat et les élus locaux ».
Peu de dispositions trouvent alors grâce à ses yeux. Et surtout pas le futur mode d’élection des conseillers communaux, pour lequel Nicolas Sarkozy avait invoqué Léon Blum. « C’est le mode de scrutin anglais », rectifie le Gérard Collomb, « qui fait que le parti libéral anglais, qui est un grand parti, est condamné à rester pour toujours dans l’opposition. » Et d’expliquer qu’un conseiller ne représentera plus le même nombre d’électeurs selon s’il est issu d’une petite ou d’une grande commune. « Où est l’égalité devant le suffrage universel ? » s’interroge le maire. Avant d’ajouter à l’adresse de Philippe Cochet, maire de Caluire, et son principal adversaire au Grand Lyon : « je me demande si ceux qui ont été battus à plates coutures aux élections, n’ont pas la volonté de reconquérir sur le tapis vert, ce qu’ils n’ont pas été capables de gagner dans les urnes. »
Le maire de Lyon nourrit le même soupçon de tricherie quant à l’élection des futurs conseillers territoriaux qui siégeront à la fois au Conseil général et régional : "Je me méfie du redécoupage des cantons". Et de poursuivre : « Aujourd’hui sur les 6000 conseillers, 4000 sont de gauche et 2000 de droite. » En faisant passer le nombre global à 3000, le président de la République, n’a, selon lui, « qu’un seul but : qu’il y ait 2000 conseillers de droite et 1000 de gauche. »
Quant à la suppression de la taxe professionnelle, le discours est désormais rodé : Cela fera perdre au Grand Lyon 32% de ses recettes, alors que Nice en gagnerait 14%. Il n’y aura alors plus personne qui vaudra de la vallée de la Chimie à Lyon. « Je ferais mieux de transformer le Port Edouard Herriot en marina pour toucher de la taxe d’habitation, plutôt que d’y maintenir un port fluvial », conclut Gérard Collomb, qui note cependant que « la réforme est en train d’évoluer ».
Sur un autre point elle a d’ores et déjà évolué dans le sens que souhaitait le maire de Lyon : « Je suis extrêmement satisfait qu’une grande métropole multipolaire va pouvoir prendre corps à Lyon ». Une métropole qui comprendra Lyon, Vienne, Saint-Etienne et ira jusqu’aux communes nord-isérois.