Tout avait pourtant bien commencé, avec des discours consensuels sur les valeurs du Modem, la proximité à avoir par rapport aux électeurs, et le « dégout pour la politique » que le parti bayrouiste pense avoir décelé chez eux. Et l’annonce des deux mesures phares qui étaient le non-cumul des mandats et la limitation à deux du nombre de mandatures consécutives.
Puis, les choses se sont gâtées lors de la séance de questions-réponses. La présence de Thomas Rudigoz, proche du maire de Lyon, dans l’entourage d’Azouz Begag a cristallisé les critiques. Interrogé sur sa volonté supposée de s’allier au PS lors des prochaines régionales, l’ancien ministre villepiniste a tenu à marquer son indépendance. « Je ne me suis pas vendu à Nicolas [Sarkozy], je ne vais pas me vendre à Gérard [Collomb] », a-t-il martelé. La question a passionné les militants présents dans la salle, alors que l’indépendance du parti au premier tour, décidée au congrès d’Arras, et le ralliement à la gauche au second, ne sont qu’un secret de polichinelle.
Derrière ce faux débat se cache en réalité la répartition des places éligibles. Et là, la bataille fait rage entre d’un côté Eric Lafond et ses amis, qui contrôlent la fédération du Rhône, et de l’autre Azouz Begag et son équipe. « L’histoire de liste risque de faire des vagues », a reconnu un brin candide Cyrille Isaac-Sibille, le président du MoDem du Rhône. Et de souhaiter que l’audition des candidats et l’établissement d’un « brouillon de liste » soient « confiés au bureau départemental ». Hors de question, lui a répondu en substance Azouz Begag, qui compte lui même rencontrer chacun de 57 candidats déclarés.
Colleurs d’affiches
L’ancien ministre à l’égalité des chances, dont la nomination en tant que tête de liste régionale doit encore être approuvée par les militants, lors d’un vote sur Internet du 18 au 21 décembre, souhaite « proposer aussi aux colleurs d’affiches de venir me rencontrer » pour obtenir des places éligibles. Des colleurs d’affiches, d’accord, mais sans oublier « les cadres qui se sont investis dans le parti », lui a rétorqué Roland Crimier, un proche de Cyrille Isaac-Sibille.
Le parti orange, dont les caisses sont vides, s’apprête à faire une campagne à petit budget. Il compte investir 300 000 euros, avancés par les candidats. Loin des 800 000 euros que l’état rembourse aux partis ayant franchi la barre des 5% et encore plus loin du plafond autorisé qui est de 1,7 millions. « Une campagne se gagne par l’enthousiasme » avait clamé Dominique Chambon, le directeur de campagne. C’est loin d’être acquis. Alors que la soirée se terminait dans un brouhaha général, Azouz Begag et Fabienne Faure, présidente du groupe MoDem au conseil régional, se sont éclipsés vers 21h45 sans attendre le verre de l’amitié, offert par le parti. Et nombre de militants ne cachaient pas leur scepticisme, voire leur déception quant au déroulement des débats.