La situation a quelque chose de surréaliste. Le parti bayrouiste, au plus mal depuis les claques successives reçues aux législatives, municipales et européennes, croyait avoir trouvé son messie, la personne capable de le propulser aux prochaines élections au-dessus de la fatidique barre des 10%. Sans le nominer officiellement, puisque les statuts du parti imposent une validation par les adhérents, le chef centriste n’a plus que le nom d’Azouz Begag à la bouche, quand il s’agit des régionales en Rhône-Alpes. Fort de ce soutien, l’ancien ministre de l’égalité des chances a d’ores et déjà fait le tour des popotes et reçu le soutien des huit présidents des fédérations départementales, y compris celui, certes du bout des lèvres, de Cyrille Isaac-Sibille, le chef rhodanien.
Et voilà que le propre vice-Président de ce dernier, Eric Lafond se déclare, lui aussi, candidat à la candidature. Ce juriste de 37 ans, ancien candidat, plus que malheureux aux dernières municipales lyonnaises (6,03% dans cet ancien bastion centriste), n’a visiblement rien rabattu de ses ambitions et demande l’organisation d’une primaire pour se départager avec Azouz Begag.
Cette déclaration a fait hurler ses adversaires au sein de la fédération, qui rappellent que le même Eric Lafond refuse catégoriquement l’organisation de primaires dans les sections locales, allant jusqu’à invalider celles qui se sont tenues quand même, ce qui était le cas à Villeurbanne.
Les couteaux sont bien tirés dans le Rhône et chacun compte ses soutiens. Mercredi soir, Azouz Begag rencontrait des adhérents à Villeurbanne, haut lieu de la résistance interne. En même temps, Eric Lafond réunissait ses responsables de section. Pour se déclarer candidat le lendemain.
Les statuts du parti orange ne prévoient néanmoins pas de primaires pour désigner les têtes de liste, mais une simple approbation par les militants, des candidats choisis en haut lieu. Dans ce contexte, Eric Lafond sait que ses chances sont minimes, face à l’aura et la médiatisation dont jouit l’ex-ministre. Quelles sont alors ses véritables motivations ? Tout d’abord, s’imposer en tant que chef de file rhodanien. Compte tenu de ses relations exécrables avec Azouz Begag, sa candidature lui permettra peut-être d’obtenir, en lot de consolation, une place éligible sur la liste. A moins qu’il n’espère rééditer son exploit de 2008, où il a fini par s’imposer comme candidat, au nez et à la barbe de concurrents plus connus et mieux implantés, comme un certain Azouz Begag, qui avait préféré jeter l’éponge.