Avec un taux de participation estimé entre 53 et 54%, l’abstention n’aura jamais été aussi importante pour une élection régionale. Hormis un léger tassement en 2004 (39,2%), elle avait progressé à chaque scrutin, passant de 22,1% en 1986 à 42% en 1998. La voilà donc repartie à la hausse pour établir un nouveau record. Sachant que Rhône-Alpes est mauvais élève en la matière. Elle 2004, la région faisait partie des quatre collectivités dépassant la barre des 40%. A l’autre extrémité de l’échelle se situait la Corse avec seulement 27,52%.
A qui profite ce désintérêt manifeste ? Aux partis établis, alors qu’il dessert les formations plus jeunes. Ainsi, 61% des électeurs UMP comptent se rendre aux urnes, 64% de ceux du Front de gauche (qui profite de la mobilisation des électeurs communistes) prévoient de se déplacer, tout comme 54% des socialistes. En revanche, chez les écologistes, ils sont exactement autant à penser rester à la maison, alors que le MoDem fait moit-moit.
Le mouvement représenté en Rhône-Alpes par Philippe Meirieu est aussi en proie à la volatilité la plus forte de son électorat, seuls 40% étant sûrs de leur choix, contre 59% à l’UMP, 60% chez les socialistes et 67% pour le Front de gauche. De plus, 20% des électeurs écologistes indiquent vouloir mettre un bulletin UMP dans l’urne au second tour. Ces données relativiseront les bons scores dont est créditée Europe Écologie, avec entre 19 et 21%, soit à peu près autant qu’aux élections européennes (19,61%). Simplement, le PS semble en bien meilleure forme qu’en juin dernier, car crédité de 25%, contre 15,36% aux européennes et dépasse donc la formation écologiste de la tête et des épaules.
Quant au second tour, rien ne semble pouvoir empêcher une nouvelle victoire de la gauche, qui pourrait dépasser la barre des 60%. Rhône-Alpes fait ainsi partie des 13 régions métropolitaines considérées comme lui étant acquises. Dans 8 autres, elle est donnée en ballotage favorable. Seule l’Alsace semble être en mesure de lui échapper à nouveau (et comme toujours).
Trois scores seront néanmoins à surveiller de près en Rhône-Alpes. Primo, celui du Front national. Avec 18,21% au premier tour et 15,28% au second, Bruno Gollnisch avait obtenu 18 sièges. En 2010, il n’est plus crédité que de 8 à 11%, sachant qu’un score sous les 10% lui barrerait la route du conseil régional. Secundo, le MoDem. Les sondages lui attribuent entre 5 et 7%, soit légèrement plus que la moyenne nationale (5%). En 2004, Anne-Marie Comparini, présidente sortante et chef de file de la droite, avait obtenu 31,22%. Tertio, le Front de gauche, qui ambitionne de dépasser le Front national "pour l’honneur" et le MoDem pour pouvoir l’exclure du rassemblement de la gauche au second tour.
Cet article a été rédigé sur la base de deux sondages, réalisés début mars par Ifop et Opinionway, selon la méthode des quotas, sur des échantillons de respectivement 700 et 808 personnes représentatifs de la région Rhône-Alpes, âgées de 18 ans et plus et inscrites sur les listes électorales.