Venu filer un coup de main à Françoise Grossetête et Nora Berra, le ministre du budget était ce vendredi matin au Point du jour, un quartier où l’UMP a réalisé entre 35 et 40% au premier tour des Régionales. Accueilli sous un ciel sans nuages et par des températures printanières, Eric Woerth a arpenté l’avenue du Point du jour, passant de point presse en boulangerie et de pâtisserie en bijouterie, avant de faire un tour au marché.
« Votez UMP » s’époumone Guy Peyrache, le patron de la pâtisserie du même nom, alors qu’il fait visiter son atelier de chocolat. « J’adore la pâtisserie, c’est un beau métier », s’enthousiasme Nora Berra. « On vous l’apprendra, on est là pour ça », lui répond l’un des pâtissiers. La proposition n’a pas été relevée. Un peu plus loin, Michel Havard fait les présentations avec un habitant d’un immeuble de la Sacvel. Le député en profite pour glisser que l’organisme a contracté nombre d’emprunts toxiques. « C’est la première fois que j’entends une histoire pareille », s’étonne Eric Woerth.
A l’entrée du marché, ils sont accueilli par trois militants PS, en plein tractage. « Jean-Jack Queyranne président de région », lancent-ils. « Ex-président de région », leur rétorque Sébastien Girerd, le directeur de campagne en Rhône-Alpes, en pliant en quatre le tract socialiste qu’il vient de prendre. Eric Woerth, en revanche, l’a décliné. « Il était un peu frileux. Peut-être parce qu’il y a la télé », persifle une militante du PS.
Au marché, un vendeur de fruits et légumes, d’origine maghrébine, appelle le ministre : « tendons-nous la main, c’est tout ce que je vous demande. » « C’est ce que je fais », répond Eric Woerth. Puis, la caravane continue. Pour s’arrêter un peu plus loin chez le fromager Celui-ci interpelle le ministre du budget : « à qui est-ce que la France doit de l’argent ? ». Eric Woerth explique doctement : « 40% à des institutions françaises, 60% à des étrangères. » Puis, ça discute Régionales. « C’est dommage qu’ils n’ont pas de programme », poursuit le forain. Françoise Grossetête saute sur l’occasion, c’est l’un de ses thèmes favoris : « les socialistes, vous voulez dire ? » « Non, tous », rectifie le commerçant. Françoise Grossetête fait la moue, Nora Berra tend un dépliant UMP. « Nous on en a un. »
Après une heure et demie de balade, le cortège prend la direction du bistrot Le Bénédicte. « Il s’appelle comme ma femme », fait remarquer Michel Havard. Installé depuis 15 ans dans le quartier, le député est ici comme un poisson dans l’eau. Successivement conseiller municipal, général, puis député, il a eu l’occasion de labourer le terrain. « Quand je prends un café dans le quartier, vaux mieux que j’aie une heure, une heure et demie devant moi », savoure-t-il sa notoriété locale. Et se félicite du coup joué. « C’est un village », explique-t-il. « Ce soir, les deux tiers des habitants seront au courant qu’Eric Woerth est venu. »
Quant aux élections, il espère « passer la barre des 50% » de votants, tout en pronostiquant que l’UMP va récupérer quelques abstentionnistes, alors que la gauche va perdre des électeurs. Et de dénoncer, cet « accord de dupes » conclu, selon lui, entre le PS, Europe Écologie et le Front de gauche. Un pacte qui ne serait pas fondé sur un programme mais ne servirait qu’à repartir les postes. « On va faire le meilleur score possible », intervient Nora Berra. « Nous, on ne ment pas à nos électeurs. On ne promet pas des choses qu’on ne tiendra pas », assure-t-elle. Plus prudent, Michel Havard s’attend à quelques ajustements mais pas à un grand bouleversement.
* d’Anne Rovan et Nathalie Segaunes, 309 pages, Albin Michel
** 293 pages, Plon