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Cinéma

Gainsbourg (une histoire de clopes)

Si l’histoire de Gainsbourg nous était contée, ce serait par Johan Sfar.
Lucien Ginsburg est un petit garçon impertinent qui traîne ses galoches sur les pavés parisiens. Il séduit les femmes, chante des chansons d’adultes, croque les courbes féminines et veut un pistolet de shérif. Fils d’immigrants russes, il connaît la discrimination avec le régime de l’occupation. Mais il est le premier à obtenir son étoile jaune… Si son père, musicien de profession, lui enseigne le piano dès son plus jeune âge, c’est le dessin qui le passionne. Il plonge dans son imaginaire et y puise des histoires fantastiques qui tiennent en haleine petits et grands.

Paris des années 60, clubs de jazz et soirées privées. Le petit Lucien est devenu Gainsbourg. Rencontres décisives et nuits tumultueuses ont fait basculer sa carrière artistique : la musique l’emporte sur la peinture. Il se détache peu à peu de sa formation classique, son imaginaire est sa force. Il est amoureux des femmes et de la France, il est insolent et insoumis, il veut pervertir la jeunesse pour la libérer.

Ce n’est pas une histoire linéaire, un biopic.

Johan Sfar, qui est avant tout illustrateur, voulait que son premier film soit un spectacle vivant : « Ça fait naître une sincérité et c’est un véritable travail ». Il est passionné par ce personnage depuis son enfance et confie que « ce ne sont pas les vérités sur Gainsbourg qui m’intéressent mais ses mensonges ». Et comme le producteur le lui a laissé, il a pris le temps de trouver les personnes qui illustreraient au mieux les personnages et de les faire travailler. « Je n’ai pas cherché des ressemblances mais des légitimités » insiste t-il. Et c’est au théâtre qu’il trouvera Eric Elmosnino, qui incarne Gainsbourg à travers les ans, les époques et les épreuves. « Ça me plaisait qu’Eric ne connaisse pas Gainsbourg, ça voulait dire qu’il ne serait pas écrasé par le personnage ».

Une de ses exigence était que chacun chante réellement : « C’est émouvant de voir un comédien découvrir le chant au fond de ses tripes. Chanter c’est le contraire de jouer ». Et pour lui aussi la manière de travailler a été différente. « Quand on est romancier ou écrivain on attend la fin avant de connaître les réactions des autres. Là on a tout en temps réel ».

Le maître mot n’est pas le réalisme, au contraire. « Tout est cliché, on joue entre le quotidien et la réalité ». Et pour se faire, il s’est renseigné comme pour un documentaire puis a brodé. « Je n’ai pas voulu aller voir les proches de Gainsbourg parce que je voulais retrouver sa voix sans la légende et son poids ». Quand il nous parle de son intention, il évoque la volonté pédagogique : « Je voulais que l’on oublie l’histoire du billet de 500 francs et de l’interview avec Whitney Houston, qu’on se rappelle du poète moderne et de son amour pour la France ».

C’est avant tout une histoire d’amour finalement. Un travail d’équipe et un casting aussi, où Lucy Gordon, Leticia Casta et Philippe Katerine interprètent Jane Birkin, Brigitte Bardot et Boris Via. Et c’est avec beaucoup de tendresse qu’on se laisse guider dans cet univers fantasmagorique où chaque personnage est rendu beau et semble accessible intimement.

 Long-métrage français
 Réalisé par Joann Sfar
 Avec Eric Elmosnino, Lucy Gordon, Laetitia Casta, Mylène Jampanoï, Sara Forestier, Kacey Mottet
 Durée : 2h10
 Genre : Biopic, Musical
 Site officiel : www.gainsbourg-lefilm.com
 Sortie : 20 janvier 2010
 Bande originale : sortie le 4 janvier

Photos : Universal Pictures International France

Publié le : lundi 18 janvier 2010, par Marie Gauthier

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