« François Hollande est tout à fait conscient du malaise que ressentent les magistrats », a affirmé celui qui dirige le pôle thématique sur la justice du candidat socialiste. Et de citer comme preuve la montée en puissance des procureurs au détriment des juges. « Près de la moitié des mesures répressives sont décidées par le parquet »et non par le siège, s’indigne le sénateur. « Au sein du Conseil de l’Europe, seule l’Angleterre nous dépasse dans cette marginalisation du juge. »
Pour André Vallini, plusieurs scandales récents ont ébranlé la confiance des citoyens en leur justice, comme le non lieu requis par le procureur à l’égard de Jacques Chirac dans l’affaire des emplois fictifs à la Mairie de Paris : « une intrusion du pouvoir dans la justice ». La nomination de François Molins, ancien directeur de cabinet de Michel Mercier, à la tête du parquet de Paris, n’a pas non plus trouvé grâce aux à ses yeux. « C’est la première fois qu’un fonctionnaire passe directement du cabinet du garde des sceaux à la justice », s’étrangle l’élu.
Hollande prévoit une réforme constitutionnelle
« François Hollande laissera la magistrature jouer son rôle », promet André Vallini, qui annonce une loi interdisant « toute intervention du gouvernement dans des affaires individuelles ». Une ingérence qui est actuellement monnaie courante, à l’en croire certains magistrats. Michel Coste, procureur au tribunal de grande instance de Lyon affirme ainsi avoir « reçu un coup de fil du préfet dans le cadre d’une affaire de fauchage volontaire d’OGM », lui indiquant la position à prendre.
Au menu du candidat Hollande : réforme du Conseil supérieur de la magistrature, dont l’exécutif sera exclu, et de la procédure pénale. « Il faut tout remettre à plat pour voir ce qui marche, ce qui ne marche pas », a annoncé Vallini, « garde à vue, détention provisoire, statut du parquet... ».
Quant au 1000 postes à créer pour la justice, la police et la gendarmerie, le sénateur souhaite avant tout embaucher des greffiers et renforcer la police judiciaire et le service pénitentiaire d’insertion et de probation. « Leur manque de moyens est un vrai problème dans la lutte contre la récidive. »
En revanche, les peines plancher ne trouvent pas grâce aux yeux du sénateur, qui les juge « contraires à l’individualisation des peines », mais aussi « inefficaces ». « La récidive n’a pas baissé », selon lui.
Reste à connaître le calendrier des réformes envisagées. André Vallini souhaite aller vite : « Il faudrait une réforme constitutionnelle à l’automne », précise le sénateur, ajoutant aussitôt : « ça n’engage que moi. »