En 1984, Georges Adilon alors âgé de 56 ans, a envie d’une œuvre « démesurée ». Il a surtout la possibilité de la réaliser car l’architecte qu’il est vient de terminer un gymnase à la Verpillère, à 30 kilomètres de Lyon. C’est ici qu’il se lance son défi. 16,52 mètres de haut pour 52 mètres de long, 800 kg à une tonne de peinture glycérophtalique noire et 720 feuilles : du 2 au 4 août 1984, ce natif de Lyon peint son œuvre à grands gestes sous l’œil de son fils, Blaise, qui photographie l’instant. L’assemblage du support avec du ruban adhésif dure ensuite 5 semaines.
L’artiste nomme toujours ses créations selon leur date d’achèvement. 4-8-84, donc, est déroulé de tout son long à la lumière du jour et photographié dans sa totalité du haut d’une montgolfière, toujours par Blaise Adilon. Un fragment de 8,26 m x 26 m est exposé à partir du 4 octobre 1984 au Musée d’Art Contemporain de Lyon qui en fait l’acquisition en 1996. Cette peinture sera ensuite exposée dans son intégralité sous forme d’un diagramme composé de 4 séries montrées successivement sur une période de 7 semaines.
Aujourd’hui, l’œuvre est découpée en feuilles numérotées. A l’occasion de l’exposition, l’œuvre au noir, les composantes de 4-8-84 sont clouées sur un mur et une petite partie de deux autres au troisième étage du Musée d’Art Contemporain. Haute de 5,52 m, elle s’étend sur 26 m. Face à elle, pour la première fois les dernières œuvres de Gorges Adilon, décédé le 2 avril 2009. Les photos de son fils y sont également exposées.
Adilon, c’est une affaire de noir et de blanc. La direction du Musée attend avec impatience la réaction du public face à une exposition qui requiert un regard attentif. En s’approchant, on perçoit les matières, le support et dans l’immensité de la peinture d’août 1984, un voyage commence.
Info : l’œuvre au noir du 19/11 au 31/12 au Musée d’Art Contemporain de Lyon.