Il ne reste plus beaucoup de commerces dans cette partie du deuxième arrondissement. Le cinéma a fermé et les banques, agences de voyages et petits commerces sont partis. Il en va de même pour le café du PTT, la pharmacie Boiron et l’institut de beauté Christine Margossian. Tous ont quitté les lieux, soit parce qu’ils n’ont pas eu le choix, soit parce qu’ils ne voulaient pas rester. Il ne reste guère plus que la poste et un tabac-presse.
« Ce n’est pas nous qui voulons partir, c’est eux qui veulent pas qu’on reste » s’exclame Lucien Luste. Eux, c’est Les Docks Lyonnais, propriétaires d’une cinquantaine de boutiques dans le quartier. En 2008, Lucien Luste leur a intenté un procès. Il sait qu’à la fin, il devra partir, lui aussi. Mais pour aller où ? C’est ainsi qu’il a engagé une bataille juridique, pour au moins espérer quelques indemnités de départ.
Pour l’avocat et riverain, Bruno Alart, « toute cette histoire n’est qu’un conflit d’intérêt » qui « rend la vie du quartier totalement nulle avec une absence de propreté et un sentiment d’insécurité », et celui « d’abandon par la ville ».
Le 3 novembre 2010, Lucien Luste, le buraliste et Benjamin Bondet, le boulanger ont créé l’association Défense du quartier Grôlée. Ils tentent de sensibiliser l’opinion publique par le biais d’actions et de réunions. Quelques riverains ont rejoint les commerçants, mais le cœur n’y est plus. Ainsi, lorsque Benjamin Bondet, le secrétaire leur propose une opération banderoles et affiches pour dénoncer les difficultés économiques du quartier, personne ne se déplace. C’est « à croire que les gens se satisfont du quartier », dit tristement la boulangère.