Le ton était donné, ce mardi soir à la Bourse du travail, où le Front de gauche avait fait salle comble, rassemblant quelque 2000 sympathisants dans cette salle mythique du mouvement ouvrier. « Plus que le PS », se réjouit une animatrice. Jean-Jack Queyranne avait réuni la veille 1500 militants au Transborder. Pas moins de 8 orateurs se sont relayés au cours des 3h30 de meeting. Dans leurs discours, 2 mots revenaient en boucle : « retraites » et « gauche ». La gauche, la vraie. Pas celle incarnée par le PS, accusé « d’accompagner le libéralisme ». Ni celle d’Europe Écologie, qui n’aurait pas refusé clairement la mise en concurrence de la SNCF pour la gestion des TER. Quant au NPA, il se fait railler par Marie-France Vieux-Marcaud, tête de liste dans le Rhône, qui a voulu voir dans cette salle pleine « un pied de nez à ceux qui ont voulu se la jouer perso et partisan », copieusement hués par les 2000 spectateurs.
La question du transport occupe une place centrale dans le programme de ce mouvement qui rassemble pas moins de 6 partis, plus ou moins groupusculaires, autour du PCF et du Parti de gauche. Leurs revendications : la gratuité des TER. C’est mieux que le PS qui ne veut que limiter le coût de transport à 2 euros par jour. Puis, ouverture de nouvelles lignes et gares. Car « la mobilité est un droit », clame Elisa Martin. L’autre point fort du programme : la mise en place d’une banque publique régionale pour soutenir les initiatives coopératives, quand celles-ci se voient refuser leur prêt par les banques privées. Mais aussi soutien aux villes « qui veulent voir revenir l’eau en régie publique ». En revanche, pas d’argent pour celles qui ne respectent pas leur quota de logements sociaux ni pour les lycées privés.
Les autres interventions tournaient autour de thèmes nationaux, et notamment des retraites. « Ce qu’on fait maintenant va compter dans la bataille pour les retraites », avait prévenu Marie-Georges Buffet, devant une salle tout acquise à sa cause, où nombre de drapeaux rouges du PCF fleurissaient et une banderole L’Humanité ornait l’un des balcons. Avant elle, Jean-Luc Mélenchon avait fait les comptes : « il manque cinq milliards ? Taxer les stock-options en rapporte deux, l’intéressement trois, passez à la caisse. » Et de lancer au gouvernement : « vous ne savez pas garantir la retraite à 60 ans avec 74% du salaire ? Dégagez, nous on sait faire. » Pour le sénateur, le Front de gauche est ni plus ni moins que le « nouveau Front populaire ». Concluant son intervention, il n’a cité « ni Marx ni Jean Jaurès », mais le groupe de folk La Rue Kétanou : « La chance ne sourit pas à ceux qui lui font la gueule ».
Dans une conférence de presse précédant le meeting, Elisa Martin était revenue sur les possibles alliances au second tour, en réaffirmant sa volonté de rassembler la gauche, toute la gauche, à l’exclusion du centre. « Faire rentrer le MoDem créerait une gauche moins disante, alors que nous en voulons une mieux disante. ». Et de faire malicieusement remarquer que, selon un sondage, 71% des électeurs bayrouiste voteraient UMP au second tour.
Un peu plus tôt elle avait loué le courage des caissières d’un supermarché Ed à Albertville, « en grève le 22ème dimanche d’affilée », contre le travail dominical. Leurs deux collègues d’Oyonnax, licenciées pour le même motif, verront leur cas jugé aux Prud’hommes en octobre prochain.