Ce matin, avant l’aube, quelques 300 conducteurs s’étaient donnés rendez-vous au dépôt des Pins (place Henri, Lyon 3ème), où plus de 80% des conducteurs avaient déjà repris le travail, pour les convaincre de continuer le mouvement. Peine perdu, aucun dialogue n’a pu être noué. Quelques bus sont alors bloqués en tout début de service, ceux qui sortent essuient les traditionnels jets d’œufs. « Ce n’est pas très sympa », commente un non gréviste qui roule sur la ligne 28. « Ça crée l’effet inverse », estime le conducteur, pourtant solidaire avec les revendications de ces collègues. Par la suite, les bus sont détournés par Grange Blanche, pour ne pas repasser devant le dépôt. Le mouvement reste calme. Les policiers, qui stationnent avec quatre véhicules à quelques centaines de mètres à l’arrêt de bus Feuillat Lacassagne, demeurent au chaud.
Marc Berthod, le directeur de la communication de Kéolis, sur site depuis 4h20, estime que la direction « a proposé de vraies avancées » et que « la balle est dans le camp des syndicats », pour permettre à tout le monde de « sortir par le haut ». Pour lui, la fin du mouvement est proche. Interpellé par deux grévistes sur leur vie de famille, il leur lance : « C’est l’intérêt des clients d’abord ».
La sortie sur les salaires (supposés) des conducteurs, faite par Gérard Collomb l’avant-veille sur LCI, reste dans tous les débats. Un conducteur s’est collé sa fiche de paie de fin d’année sur le ventre (voir photo). En 2008, sa première année de contrat, son net imposable était de 18708,16 euros, 13ème mois et prime de vacances compris. « C’est ce que j’ai déclaré aux impôts », assure-t-il. Lissé sur douze mois, son revenu mensuel atteint 1559 euros, très loin des 1800 à 2000 euros, dont Gérard Collomb croyait gratifié un conducteur fraîchement embauché.
Vers 8h, les délégués syndicaux se réunissent à huis clos. Ils décident de suspendre le préavis de grève, qui court jusqu’au 1er janvier. L’assemblée générale les suit, à quelques rares grévistes près. « La direction cherche le pourrissement », explique Denis Faye, délégué UNSA. Pour qui « les gens restent très motivés, car nous n’avons quasiment rien obtenu. » La stratégie change, mais l’objectif reste le même : la nomination d’un médiateur et la reprise des négociations. Faute de quoi « c’est reparti en décembre, avec des actions ponctuelles, entre le 5 et le 8 décembre et les week-ends avant Noël ».
Sanctions
Deux grévistes sont convoqués en conseil de discipline, affirment les syndicats. Information confirmée dans la journée par la direction, pour qui il s’agit de faits qui peuvent « justifier un licenciement ». Parmi eux, selon nos informations, un syndicaliste SUD. D’après le Progrès (3/10), la direction lui reproche des « paroles déplacées, assorties de menaces ». 78 autres cas seraient en attente, d’après les syndicats. Bernard Tabary, le directeur général de Kéolis Lyon n’a pas voulu confirmer le chiffre, se contentant de dire que « d’autres lettres seront envoyées, mais combien, je ne peux pas vous répondre ».
Manifestation
Les anti-grève qui se sont organisés sur le réseau social Facebook, maintiennent leur appel à une manifestation, ce samedi, avec un départ de Bellecour à 14h.
Geste commercial
Une ristourne de 30% sur le prélèvement de novembre pour les abonnés et des transports gratuits le 17 octobre, jour de la Fête de la mobilité, mais rien pour ceux qui achètent des tickets ou paient leur carte Técély au mois le mois. Pas sûr que les usagers en colère trouvent l’indemnisation envisagée par Kéolis, à la hauteur de ce qu’ils ont vécu.