S’il n’y avait pas le camion lance-eau positionné à l’entrée de la place Saint-Jean, les préparatifs sur la place auraient pu faire penser à un happening de la Gay pride, plutôt qu’à un rassemblement identitaire. Une vingtaine d’organisateurs vêtus de polo rose fuchsia s’affairent devant un camion orné d’une multitude de ballons roses. Ce n’est que les deux plus grands qui annoncent la couleur : « défends ton identité » y est inscrit en noir. En revanche, pas de masque de cochon.
A 14h, la place est encore quasi vide. Puis, les manifestants arrivent petit à petit. Majoritairement jeunes. Essentiellement des garçons, quelques filles, quelques cranes rasés. Le gros du cortège est finalement lyonnais, les apports extérieurs sont faibles. Quelques Parisiens, quelques Toulousains et même 5 Anglais de la English Defence League, venus défendre « la démocratie, la liberté d’expression et le French way of life », sans toutefois trop savoir en quoi il consiste. « On connaît le British way of life », répond l’un d’eux. Puis : « nous sommes tous chrétiens. »
Des drapeaux sont agités : lyonnais, occitan, puis de diverses régions françaises : Bretagne, Alsace, Lorraine... L’ambiance est calme. A 15h, le ton change. Philippe Vardon, président de Nissa Rebela, le mouvement identitaire niçois, joue les chauffeurs de salle et annonce un orateur venu d’un pays où les minarets sont interdits et les étrangers criminels expulsés. « Liberté, liberté » et « On est chez nous », lui répondent les manifestants.
« On est pas des millions ici, mais on représente des millions de Français et Européens », lance Jean-David Cattin, fondateur du Mouvement identitaire genevois. Il parle de la « Grèce qui se réveille », des « clochers qui vont disparaître » si on n’y prend pas garde et traite le préfet de « zélé de la collaboration ». Il termine sur un « ils peuvent prendre nos vies mais pas notre liberté », suscitant de nouveaux « liberté, liberté », de la part de l’assistance.
Fabrice Robert, président du Bloc identitaire français, lui succède. « L’islamisation est une réalité en France », lance-t-il, alors qu’officiellement il ne devait pas en être question au Rassemblement pour la liberté. « Le mode d’abattage majoritaire en France c’est le halal », avance-t-il, évoquant « la souffrance de l’animal ». « Nous demandons une traçabilité du halal car les non musulmans n’ont pas à subventionner une religion qui n’est pas la leur. » Les manifestants scandent : « Nous sommes tous des mangeurs de cochon, première, deuxième, troisième génération. » Puis, quand il lance « l’Islam n’a pas sa place en Europe », c’est le délire : « Bleu, blanc, rouge, la France aux Français » et « De Moscou à Dublin, l’Europe aux Européens », peut-on entendre, de même que la Marseillaise. La place Saint-Jean disparaît dans le nuage rose d’une multitude de fumigènes.
Puis viennent les Anglais de la English Defence League. Leur speaker fustige les prières de rue, les « ghettos islamiques », dit que les Musulmans « n’ont aucun respect pour vos lois et pour vos vies ». « Les Musulmans représentent 12 % des habitants en France », calcule-t-il, « mais 70% des personnes incarcérées. Cela veut dire qu’ils sont 7 fois plus susceptibles d’enfreindre la loi. » Puis, il cite Churchill qui a toujours cru en la Résistance française. « Cette bataille, nous pouvons la gagner et nous allons la gagner », a-t-il martelé.
Arnaud Gouillon, le candidat à la présidentielle du Bloc identitaire a eu moins de succès à l’applaudimètre, quand il clame que « nous avons un problème avec la liberté d’expression en France », comparant le préfet à Staline et Mao.
Vers 16h, le rassemblement se termine dans un calme apparent, avant que des violences n’éclatent ailleurs dans le Vieux Lyon. Un kébab a été vandalisé rue de la Quarantaine et des affrontements ont eu lieu au Pont de la Feuillée entre identitaires et antifascistes. La police a procédé à 4 interpellations.
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