La vague de l’abstention ne s’est certes pas, par magie, arrêtée aux portes de Lyon, seuls quatre électeurs sur dix se sont déplacés (42,25% de participation). Le scrutin est néanmoins lourd d’enseignements, notamment en vue des Régionales qui auront lieu dans tout juste neuf mois, en mars 2010. Non pas que l’UMP semble en mesure de l’emporter. Si on additionne au certes honorable score rhône-alpin de Françoise Grossetête (UMP, 28,61%), les autres partis de droite (FN 6,81%, Libertas 4,23%, Debout la République 2,04%), on n’arrive guère à un total de 41,69%. Pas de quoi avoir la grosse tête à l’UMP.
Un président vert à la Région ?
Le suspense viendrait plutôt de la liste amenée par Daniel Cohn-Bendit et représentée dans le Sud-Est par Michèle Rivasi, fondatrice de la CRIIRAD et du CRIIREM (des organismes scientifiques travaillant sur le nucléaire et les ondes radio-magnétiques). Daniel Cohn-Bendit a d’ores et déjà laissé entendre qu’il verrait bien des listes Région-Ecologie concourir.
C’est aussi le souhait de Gérard Leras, chef de file des Verts au Conseil Régional, qui appelle de ses vœux une liste écologiste indépendante au premier tour. "Il faut bâtir les conditions d’un vote écologiste massif", martèle-t-il. Et se montre confiant de pouvoir "fédérer encore mieux les acteurs écologistes que pour les Européennes". Pas question pour lui de se rallier au PS avant le premier tour, comme cela avait été le cas aux Municipales de Lyon. Décision qu’il n’hésite pas à qualifier de "choix malheureux". Reste toutefois à attendre que les instances du parti se prononcent officiellement. Quant à l’éventualité d’un président vert à la Région, si la liste écolo arrive en tête, Gérard Leras "n’exclut rien".
Place à l’auto-critique
Autre son de cloche, bien évidemment, au MoDem. "Le résultat de dimanche est une déception", déclare Eric Lafond, vice-président de la fédération du Rhône. Et n’exclut pas le "fort impact du débat télévisé".
Richard Morales, conseiller municipal à Villeurbanne, se montre autrement plus virulent, en s’attaquant au fonctionnement de son parti, trop hiérarchisé, selon lui : "Chaque militant est aussi important que François Bayrou", écrit-il dans un communiqué. "Un parti qui ne fonctionne que du sommet à la base, appliquant une hiérarchie de la parole, est voué à l’échec !" Sachant que le missile visait également la présidence de la fédération départementale du mouvement. En octobre dernier, Richard Morales avait perdu les élections internes et se trouve aujourd’hui quelque peu marginalisé par le tandem Eric Lafond/Cyrille Isaac-Sybille, ce qui l’avait récemment poussé à créer son association politique "Les Démocrates".
Son de cloche similaire chez les socialistes lyonnais. Gérard Collomb, en dissidence de plus en plus ouverte, ne mâche pas ses mots : "Les résultats obtenus par le PS confirment, hélas, ce que j’ai répété pendant des mois", tonne-t-il. "Le Parti de l’appareil a échoué. Celui des militants et des élus, de celles et ceux qui ont montré, au niveau de leurs villes, de leurs départements, de leurs régions leur capacité à remporter des victoires, doit aujourd’hui faire entendre sa voix." Avant de conclure : "Il est temps que le parti socialiste se ressaisisse !"
Le résultat à Lyon
– UMP : 31,17%
– Europe-Ecologie : 23,70%
– PS : 15,11%
– MoDem : 8,74%
– Front de Gauche : 4,50%
– FN : 4,35%
– NPA : 3,44%
– Libertas : 3,33%
– Alliance Ecologiste Indépendante : 2,48%
Les 13 élus du Sud-Est
– Françoise Grossetête (UMP)
– Dominique Vlasto (UMP)
– Gaston Franco (UMP)
– Nora Berra (UMP)
– Damien Abad (Nouveau Centre)
– Michèle Rivasi (Europe-Ecologie)
– François Alfonsi (Europe-Ecologie)
– Malika Benarab-Attou (Europe-Ecologie)
– Vincent Peillon (PS)
– Sylvie Guillaume (PS)
– Jean-Luc Bennahmias (MoDem)
– Jean-Marie le Pen (FN)
– Marie-Christine Vergiat (Front de Gauche)